Depuis dix jours, Carine et Thomas ne sont plus seuls à l’alpage de Blaitière, à Chamonix. Pauline la semaine dernière, Amandine cette semaine: des bénévoles du WWF sont venus leur prêter main-forte pour surveiller leur troupeau de 80 brebis et deux chèvres.
« 198 loups ont été abattus légalement en France en 2023 »
« On a adhéré au programme du WWF “Entre chiens et loup”, explique Thomas Gardiennet. Il vise à aider les éleveurs en première ligne sur la question du loup, avec pour but, bien entendu, d’avoir à éviter de tuer des loups ». Le WWF rappelle, selon les chiffres ministériels, que 198 loups ont été abattus légalement en France en 2023.
À Blaitière, les animaux sont à l’abri la nuit dans une bergerie. Les craintes vis-à-vis du prédateur sont le jour, pendant les déplacements vers l’alpage du haut ou dans les microreliefs des pâtures : « Dans les transferts, quand on passe dans des sous-bois, lorsque l’on ne voit pas tout le troupeau », détaille Thomas Gardiennet. Lui se met devant pour guider et les bénévoles sont derrière en serre-file, « pour s’assurer qu’il n’y ait pas une brebis qui traîne et dissuader un éventuel loup qui serait dans les parages ».
« Les bénévoles, on en a un par semaine »
Un couple de canis lupus a été officiellement repéré dans le secteur, avec un ou des petits. Il évolue sur ce versant contre le massif du Mont-Blanc, a minima des Houches à Argentière. Pour assurer la cohabitation du loup avec le pastoralisme, la présence des bénévoles permet d’éviter les attaques. Pour l’heure, c’est une réussite, aucun ovin ou caprin n’a été prélevé par le prédateur.
« Les bénévoles, on en a un par semaine, ça change toutes les semaines », explique Thomas Gardiennet. Ce sont des gens qui prennent sur leur temps libre et sur les vacances. Ça dure jusqu’à fin août. En 2023, le WWF avait mobilisé ainsi 72 personnes pour garder deux troupeaux en Haute-Savoie, après qu’ils ont reçu une formation de quatre jours. « Ils sont autonomes. WWF leur fournit une tente et une base vie. » Ils gardent leur indépendance vis-à-vis du couple de berger. « Ça nous prend un peu de temps, parce que chaque semaine il faut réexpliquer nos tâches, mais c’est une grosse aide. »
Un bénévolat qui peut être synonyme de nuits blanches
Selon leur envie, les bénévoles peuvent aussi participer à d’autres tâches : traite, fromagerie ou autres. « C’est en fonction de leurs souhaits et de leur état de fatigue », assure Thomas Gardiennet. Il est vrai qu’à Blaitière, les nuits sont apaisées, puisque le troupeau dort dans un bâtiment. Mais ailleurs, le bénévolat signifie des nuits blanches pour veiller les parcs fermés installés en plein air.
Article issu du Dauphiné Libéré