NoK Boards : la start-up qui « sur-cycle » les snowboards

Ça chauffe sous le bonnet d’Adrien. Placide à l’extérieur, mais bouillonnant à l’intérieur. L’ingénieur fourmille d’idées. Né à Avignon, il vient de s’installer à Saint-Chaffrey, s’apprête à ouvrir un atelier/commerce à Monêtier-les-Bains et connaît très bien la vallée de Serre Chevalier. « J’y viens depuis mon enfance. Mes arrière-grands-parents avaient acheté une maison à Chantemerle avant même la Seconde Guerre mondiale » précise-t-il.

Embauché par Rossignol

Branché ski et snowboard, il débute pourtant sa carrière professionnelle… sur l’eau. Dans les chantiers navals argentins. Mais très vite, Adrien Reguis met les voiles vers la montagne et la capitale des Alpes. À Grenoble, ce diplômé de l’Institut national des sciences appliquées (Insa) se fait embaucher par Rossignol. Fleuron du ski français. Coq bleu-blanc-rouge sur le blason. Responsable de la cellule “recherche & développement ”, il dépose une vingtaine de brevets, participe à l’essor de la marque, réfléchit sans cesse à l’amélioration des process et des produits finis.

« Un jour, je me suis rendu compte de la quantité considérable de planches qu’on mettait à la benne : des boards pas encore au point ou avec des petits défauts. Ça m’a vraiment interpellé. Je savais également qu’à l’échelle mondiale, les fabricants produisaient environ 1 million de snowboards par an et donc qu’autant de produits sortaient du marché et partaient à la poubelle. Sans la moindre réutilisation. Ça a fait tilt ».

Adrien Reguis. Photo Le DL/Thibaut Durand
Adrien Reguis. Photo Le DL/Thibaut Durand

NoK Boards, une start-up de la French Tech des Alpes

En 2017, Adrien Reguis s’associe à Vincent Gelin, également ingénieur chez Rossignol, pour créer ensemble la société NoK Boards. Avec cette start-up de la French Tech des Alpes, les deux ingénieurs veulent donner une seconde vie aux matériaux produits par l’industrie du ski. Pas pour les recycler. Mais pour les sur-cycler. Il ne s’agit pas d’une simple subtilité sémantique. La différence est de taille.

« On ne ramène pas le matériau à un produit brut, on le réemploie sans dégrader ses propriétés. Rapidement, dix grandes marques de snowboards s’intéressent à notre projet : en nous donnant leurs planches d’usine non commercialisables, ça leur évite de payer des frais de destruction. Au début, on stockait tout ça dans nos salons. Comme Vincent vient de la board culture , on a commencé, assez naturellement, par fabriquer des skateboards ».

« Chaque pièce est un modèle unique »

L’idée séduit des investisseurs, la campagne de crowdfunding explose et des pro riders veulent s’associer à la démarche éco-friendly . Les planètes ainsi alignées, NoK Boards peut décoller. « On a commencé à vendre en ligne et dans des boutiques-partenaires nos cruisers, longboards, surfskates, avec une attention particulière apportée au graphisme. Chaque pièce est un modèle unique, c’est ce qui plaît aux clients, ils ont l’impression de détenir une pièce rare ».

Grâce à leurs compétences et leur expérience, les deux ingénieurs analysent le cambre, le flex, le pop, la résistance de chaque planche de snowboard à sur-cycler. En fonction de leurs mesures et de leurs expertises, ils en définissent un type de skateboard à assembler et un type de skaters pour l’utiliser.

« On fabrique des skates uniques en fonction des caractéristiques mécaniques de chaque planche de snowboard, avec l’envie de proposer de l’amorti dans le plateau, de la relance dans les virages. Avec moins de rigidité, aussi, qu’un skate traditionnel » précise Adrien qui poursuit en parallèle ses missions R & D chez Rossignol en tant que prestataire. Et qui se lance également dans la confection de mobilier (miroirs, horloges), toujours taillés dans les rebuts de snowboards.

Une démarche plus artistique qui lui donne de nouvelles idées : « l’envie de créer, en mon nom propre, des objets de décoration qui ressemblent à des tableaux, avec une matière première, le snowboard, hyper riche, avec de la couleur, du mat, du brillant, des formes, du design. C’est déjà un bel objet dans sa première vie. J’ai la conviction qu’on peut en faire une véritable œuvre d’art dans sa seconde vie ».

Bio express
  • 1979 : naissance à Avignon
  • 2005 : diplômé de l’Institut national des sciences appliquées (Insa) de Lyon (Rhône) option « sciences et génie des matériaux ».
  • 2006 : intègre la société Rossignol en tant qu’ingénieur puis responsable de la cellule « recherche et développement » à Grenoble.
  • 2017 : co-fonde la marque NoK Boards avec son associé Vincent Gelin à Fontaine.
  • 2024 : s’installe à Saint-Chaffrey et ouvre un magasin à Monêtier-les-Bains pour commercialiser les produits NoK Boards et ses propres créations artistiques.

Article issu du Dauphiné Libéré

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