Ski : Un restaurant d’altitude peut-il vous refuser ses toilettes ?

Imaginez qu’après une matinée à tailler des courbes dans la poudreuse, vous sentiez poindre une urgence. Une vraie. Une de celles qui ne tolèrent ni détour, ni attente, ni débat.

Miracle, un restaurant d’altitude se dresse devant vous, tel un phare dans la tempête. Vous vous précipitez à l’intérieur, le regard désespéré, prêt à tout pour atteindre le Saint-Graal. Mais voilà, une ombre surgit sur votre chemin : le propriétaire.

Bras croisés, air sévère, il vous assène un implacable : « Réservé aux clients. » Vous tentez un sourire, une supplication, peut-être même une larme bien placée, rien n’y fait. Vous êtes bloqué.

Une question vous taraude alors : a-t-il réellement le droit de vous refuser l’accès aux toilettes ? Décryptons la situation.

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Ce que dit la loi (et ce qu’elle ne dit pas)

L’arrêté du 9 mai 1995 impose aux restaurants d’être équipés de sanitaires pour leur clientèle. Mais attention, clientèle est le mot-clé ici. En clair, si vous n’avez pas consommé, rien n’oblige l’établissement à vous ouvrir ses portes.

Vous pensez jouer la carte du verre d’eau gratuit pour contourner le problème ? Mauvaise pioche. Le Code de l’environnement (article L541-15-10) impose bien aux restaurateurs de servir de l’eau potable sans frais, mais cela ne transforme pas magiquement un passant en client éligible aux toilettes.

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Pourquoi ce refus ? Caprice ou nécessité ?

On pourrait croire à un abus de pouvoir, une petite vengeance mesquine contre les skieurs de passage. Mais non, plusieurs raisons justifient cette fermeture de porte en pleine urgence :

D’abord, l’entretien. À 2 000 mètres d’altitude, l’eau n’est pas aussi abondante qu’en plaine. Parfois pompée, parfois transportée, elle coûte cher. Le papier toilette, lui aussi, disparaît à la vitesse d’un snowboarder en pleine descente. Et ne parlons même pas du ménage à répétition.

Ensuite, la logistique. Imaginez une file interminable de skieurs pressés, transformant le restaurant en station-service sanitaire. Rapidement, les vrais clients se retrouvent à patienter pour accéder aux WC, un comble quand on vient de commander une fondue.

Enfin, la solution du compromis : certains restaurateurs ont opté pour le monnayeur. Une pièce pour les passants, un jeton offert aux clients. Pas de jaloux, tout le monde y trouve son compte… ou presque.

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L’argument ultime : l’urgence absolue

Un espoir subsiste : le droit à la dignité humaine.

La loi ne prévoit pas expressément d’obligation d’ouverture en cas d’urgence, mais un restaurateur qui refuserait l’accès à une personne en détresse physiologique flagrante pourrait se voir reprocher un manque d’humanité. Là, tout repose sur votre talent de persuasion. Regard suppliant, voix tremblante, posture dramatique : à vous de jouer.

Si votre seule éloquence ne suffit pas, vous pouvez tentez de surenchérir avec ce petit discours aux accents « badintéristes » que l’on vous a préparé sur-mesure :

Ce que vous pouvez dire mot pout mot :

« Madame, Monsieur le restaurateur,

J'aimerais vous rappeler que, dans notre pays, le droit à la sauvegarde de la dignité de la personne humaine est garanti au titre du premier alinéa du Préambule de la Constitution de 1946.

J'en appelle aussi à l'article 3 de la Convention européenne des Droits de l’Homme, à l'article 1 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, et sans oublier l'incontournable jurisprudence « Société Omega de la CJCE ».

En l'espèce, j'estime que cette situation est caractérisée par une violation de ma dignité humaine. Je vous demande en conséquence de reconsidérer votre refus et de me laisser utiliser vos sanitaires. »

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On récapitule les solutions :

Bon, si l’on souhaite rester dans la modération, il n’existe que trois solutions :

  • Première option : Les toilettes publiques. Avant de partir sur les pistes, repérez les toilettes publiques sur le plan de la station. Elles sont là pour ça, et personne ne vous y demandera de commander un café pour entrer.
  • Deuxième option : la diplomatie. Un sourire, une demande polie, parfois même un petit mot d’excuse peuvent suffire à amadouer le tenancier.
  • Troisième option : consommer et oublier votre égo. Un café, un chocolat chaud, même un simple croissant vous offriront un laissez-passer légitime vers votre objectif

En bref, la loi est formelle : un restaurateur n’a aucune obligation de vous laisser accéder à ses toilettes si vous ne consommez pas. Dans la réalité, tout est affaire de courtoisie et d’anticipation. 

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