Chamonix : un nouveau réseau d’enneigement pour une station perchée à 1000 m

En 1985, Les Planards inauguraient ce qui était le premier réseau d’enneigement automatisé du monde. Presque 40 ans plus tard, la petite station familiale aux portes de Chamonix continue d’investir pour rester à la pointe.

Mardi 3 décembre, le domaine skiable a officiellement présenté son réseau d’enneigement dernier cri à tout l’écosystème local du ski. Moniteurs, entraîneurs, pisteurs et techniciens… Tous ceux qui ont un jour foulé les pentes accessibles avec les deux téléskis et le télésiège du domaine ont pris part à cette visite menée en parallèle d’un entraînement des collégiens en classe aménagée ski.

Des nouveaux équipements qui “sécurisent” l’enneigement

Guidés par le directeur d’exploitation Kirvin Collombon, ils ont ensemble pris la mesure des travaux menés tout au long de l’été et des nouveaux équipements qui “sécurisent” l’enneigement du domaine exposé nord. Des enneigeurs plus performants utilisant moins d’air, une nouvelle dameuse, des “snowfactory” comparables à des conteneurs capable de produire chaque jour 100 m³ de glace pilée avec juste de l’eau, de l’électricité et un fluide frigorigène…

Au total, cette année, le domaine skiable a dépensé pas moins de 3,7 millions d’euros pour cette mue sans laquelle son avenir était plus que compromis.

« Au lieu d’un seul réseau performant, nous avions jusqu’à présent deux réseaux d’enneigement vieillissants qui rendaient les débuts de saison toujours plus incertains », explique Kirvin Collombon, accompagné pour l’occasion de David Cachat, employé historique du domaine et membre de la famille qui s’est lancée dans cette aventure commencée en 1979 par Guy Cachat.

Neige de culture : Les Planards, un domaine précurseur

« Quand Les Planards se sont mis à produire de la neige de culture il y a 40 ans, les autres domaines s’en plaignaient parce qu’ils trouvaient que cela leur faisait une mauvaise pub », se souvient David Cachat, ajoutant que le domaine était pourtant précurseur.

« Les Planards ont toujours été un laboratoire d’innovation important et le resteront », assure le jeune directeur d’exploitation qui, pour enrichir la visite de la machinerie et du réseau d’enneigement installés dans l’été, a ressorti des archives montrant toute l’inventivité dont a fait preuve le domaine pour que les skieurs débutants, leurs moniteurs et surtout les jeunes des ski clubs puissent continuer leur pratique.

Avec ces investissements importants pour lesquels le domaine a pu compter sur le soutien financier de la Région à hauteur de 750 000 €, le site des Planards tient les engagements qu’il avait pris en 2021 devant le conseil municipal lors du renouvellement de la délégation de service public pour 25 ans.

« Regarder chaque installation d’enneigeurs au cas par cas »

À l’époque, les élus avaient longuement débattu de la nécessité ou non de poursuivre l’exploitation d’un domaine perché seulement entre 1 000 et 1 250 m d’altitude alors que le climat se réchauffe et que l’enneigement naturel ne cesse de reculer. « Il y aura toujours nécessairement débat, mais plutôt qu’une vision de principe, il faut regarder chaque installation d’enneigeurs au cas par cas », plaide le maire de Chamonix rappelant que la collectivité vérifie que ces infrastructures soient les plus économes en énergie possible et respectent la nature.

De son côté, le délégataire a souligné que l’exposition au nord et surtout les inversions de températures, parfois simplement entre le haut et le bas du domaine, lui permettent de produire sans difficulté une neige de culture qui a permis au domaine d’ouvrir dimanche 1er décembre pour les skieurs des clubs. Et même si certains critiquent ces investissements allant contre la tendance climatique, les professionnels du ski de la vallée insistent sur « le rôle clef » joué par les Planards à court et moyen terme. Les derniers hivers, les Planards furent le seul site de fond de vallée à fonctionner ou presque, sauvant la saison de nombreux moniteurs.

Lieu d’apprentissage avant de se rendre sur les domaines d’altitude de la vallée, moins menacés par le réchauffement climatique, Les Planards entendent désormais se servir de cette neige de culture pour entretenir la culture de la neige dans la vallée, en faisant progresser dès que possible les jeunes skieurs de la vallée sur son stade d’entraînement. Et cela durera tant que la dépense énergétique pour produire artificiellement cet or blanc reste raisonnable aux yeux de l’exploitant et de la commune, qui assure veiller au flocon près.

Photo Le DL/Baptiste Savignac
Photo Le DL/Baptiste Savignac
Les Planards, un petit domaine quatre saisons qui reste une exception

Ouvrir une partie du domaine pour les jeunes des ski clubs dès le 1er  décembre était l’ambition affirmée par l’exploitant lorsqu’il a signé en 2021 le contrat de Délégation de service public (DSP) qui le lie à la commune jusqu’en 2046.

Un rêve devenu réalité au début du mois grâce à d’importants créneaux de froid qui ont permis au domaine de produire suffisamment de neige de culture en novembre pour offrir une glisse de qualité sur la piste desservie par un des deux téléskis.

Pour les jeunes et leurs coachs, cette ouverture précoce permet de lancer un peu plus la préparation de leur saison avec la possibilité de chausser les skis sans quitter la vallée. Une satisfaction importante pour l’exploitation et la commune, qui avait fait de cette mission de service public une des priorités du nouveau contrat de DSP.

Et si comme les autres domaines, Les Planards espèrent que mère nature se montrera vite généreuse en neige naturelle, cela fait déjà des années qu’il ne compte plus sur elle.

Depuis près de 20 ans, les pics de fréquentation du domaine générant du chiffre d’affaires ont été réalisés presque uniquement grâce à cette neige de culture produite grâce à de l’eau non potable.

Mais une fois encore, le cas des Planards n’est pas transposable partout. L’exposition du site et son encaissement permettent une production qui ailleurs serait impossible ou du moins déraisonnable.

Les gérants rappellent également que la rentabilité du domaine ne repose pas sur le ski. Ses autres équipements de loisirs, dont sa luge sur rail, lui assurent du chiffre d’affaires tout au long de l’année. Un petit domaine quatre saisons qui reste donc une exception.

Article issu du Dauphiné Libéré

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