L’acte de naissance du pull rouge des moniteurs de ski remonte à 1958, avec comme père fondateur Henri Thiolière, grand skieur et super professeur. Gilles Chappaz, dans son livre Les pulls rouges, la légende des moniteurs de ski (Éditions Glénat), raconte que pour la nécessité d’un tournage sur le Christiana léger [ancienne technique de virage à ski, NDLR], Thiolière demande à son fournisseur annécien, Montant, de leur créer cinq spécimens rouges… Tout part de là. Les pulls arrivent rouges avec une bande blanche et un petit nounours brodé accroché en guise de logo. Le pull marine avec les bandes bleu-blanc-rouge est vite abandonné. Mais le cheminement se fera par étapes et il faudra encore attendre de longues années avant que les combinaisons virent au rouge total.
« Le rouge n’a pas toujours été la couleur des moniteurs de l’École du ski francais (ESF). Avant le pull rouge, dans les années 60, le pull était noir »
Jean-Marc Simon, le directeur de l’ESF.
« J’ai vu des moniteurs se faire enterrer avec leur médaille et leur pull rouge… »
« Le pull était un vêtement à la fois technique et symbolique. Il était en laine, il tenait chaud, et par-dessus les moniteurs s’habillaient comme ils voulaient. Il était surtout porté en tant que vêtement de cérémonie ». C’est seulement vers la fin des années 90 que les anoraks et les manteaux ont pris le rouge qu’on leur connaît. L’intérêt de cette unité de couleur ? « C’est d’être identifié au premier coup d’œil ». Finalement, le rouge s’est tout simplement imposé comme la couleur la plus visible et la plus distinctive.
Mais s’il n’y a pas 50 nuances de rouge, il y a en revanche presque autant de tenues que d’écoles de ski. « Il n’y a pas de tenue unique au niveau du design », explique Jean-Marc Simon. « Les écoles ont une charte qui leur impose d’avoir une tenue au moins à 80 % rouge. Le reste étant le blanc et le bleu. Après, chaque école fait le choix, dans sa propre assemblée, de prendre telle ou telle offre de fournisseur ou bien de sélectionner celle de la coopérative en lien avec le syndicat national, qui équipe environ la moitié des moniteurs en France. » Les goûts et les couleurs (à condition qu’on reste dans le rouge) se discutent donc.
Aujourd’hui, sur les pistes, il n’y a pas de confusion entre les Verts, les Jaunes, les Bleus ou les Rouges. Et selon le directeur de l’ESF, la guerre des écoles et des moniteurs s’est estompée dans les stations. « Les écoles concurrentes ne se mettent pas en rouge, ce serait une erreur de vouloir copier ceux dont ils veulent se démarquer. » Le port de la tenue n’est pas une obligation en soi, mais souvent les moniteurs s’obligent eux-mêmes à la revêtir. Et souvent ils continuent de la mettre après avoir cessé leur activité, que ce soit le soir pour sortir après une journée de travail ou une fois en retraite. « Du moment qu’on est membre du syndicat national des moniteurs, chacun est légitime à porter sa tenue. Le pull rouge ou la combinaison rouge, au-delà de la fierté, c’est une vraie appartenance. J’ai vu des moniteurs se faire enterrer avec leur médaille et leur pull rouge… ».
Article issu du Dauphiné Libéré
