Des pros aux amateurs, tous accros aux KOM sur Strava : « Ça peut rendre un peu fou »

L’application sportive compte plus de 135 millions d’utilisateurs dans le monde : Strava permet de partager gratuitement ses activités sportives avec ses proches, mais aussi de se comparer à d’autres personnes avec son système de segment. Immersion aux côtés de ces cyclistes qui font la chasse aux meilleurs chronos en Savoie.

Dès la fin de chacune de ses sorties à vélo, Antoine Boudsocq réalise le même geste : il arrête son compteur GPS, puis met la main dans la poche arrière de son maillot pour récupérer son téléphone et ouvrir Strava. Créée en 2009, cette application permet d’enregistrer ses activités sportives (course à pied, cyclisme, natation, ski…) et de les partager sur son profil privé ou public.

C’est pour cet aspect réseau social – comparable à Facebook ou Instagram – qu’Antoine Boudsocq, alors âgé de 15 ans, installe Strava en 2015. « Presque dès que j’ai commencé le vélo en fait, se souvient le cycliste mauriennais. Ça me permettait de savoir ce que faisaient mes amis même lorsqu’on ne s’entraînait pas ensemble. » Mais très rapidement, il trouve un autre intérêt à l’application reconnaissable à sa vive couleur orange : les KOM.

Photo Le DL/Louise Raymond
Photo Le DL/Louise Raymond

Les KOM : « Je suis toujours fier d’en avoir »

Cet acronyme qui signifie King of mountain (roi de la montagne en français) est associé à l’une des fonctionnalités majeures de Strava. À savoir la possibilité pour les utilisateurs de tracer, sur une carte, un segment entre deux coordonnées GPS. Une fois mis en ligne, dès lors qu’un cycliste emprunte ce tronçon, son temps pour en venir à bout est calculé. S’il est le plus rapide, il décroche alors le fameux KOM.

Et c’est tout sauf un titre uniquement honorifique. « Je vivais ça comme un véritable évènement quand je commençais à en avoir, admet l’ancien licencié au Grenoble métropole cyclisme 38. Même aujourd’hui, je suis toujours fier d’en avoir. Ça peut même rendre un peu fou. Quand je reçois un mail pour me dire que j’en ai un perdu un, je n’ai qu’une envie, c’est de le récupérer. Surtout qu’il y en a que je ne veux vraiment pas perdre, comme le col de Chaussy, depuis La Chambre. C’est juste à côté de la maison. »

Évidemment, il n’est pas le seul à en faire un objectif. Pour comprendre, il suffit de voir le nombre de passages sur certains segments. Par exemple, depuis Saint-Michel-de-Maurienne, environ 35 000 utilisateurs Strava ont déjà escaladé le col du Galibier, pour plus 80 000 tentatives. Et le plus rapide n’est autre que Tadej Pogacar, en 1 heure 26 minutes et 49 secondes, juste devant Romain Bardet. L’ancien record n’a pas résisté à la bataille des meilleurs grimpeurs du monde sur le Tour de France 2022.

« J’ai eu ma période chasse aux KOM »

Il faut alors bien comprendre que détenir un KOM n’est pas à la portée de n’importe qui. C’est réservé à une élite, dont fait aussi partie Hugo Viort, installé en Savoie depuis 2022. Il totalise plus de 140 records sur des segments à travers la France, dont la double ascension du Ventoux depuis Bédoin et Malaucène , ainsi que l’un des nombreux segments du col du Granier et du Mont Revard. « J’ai eu ma période chasse aux KOM, confesse avec le sourire le licencié au The Punchers club. Je programmais mes sorties en fonction des segments. Mais depuis que je m’entraîne sérieusement, je me suis un peu calmé. Les exercices correspondent peu avec la durée des ascensions. »

Pour autant, Hugo Viort a beau s’entraîner près de 20 heures par semaine, en plus de travailler à temps plein à côté, certains KOM lui sont inaccessibles. Et c’est pareil pour Antoine Boudsocq, qui a pourtant plusieurs saisons au plus haut niveau amateur français à son actif. Mais face aux coureurs professionnels, ils font pâle figure. « Face à eux, c’est quasiment impossible, admet Hugo Viort. Un temps, j’avais le KOM d’une montée de six kilomètres jusqu’à Pragondran. Puis Rémy Rochas, alors chez Cofidis, est passé : il m’a battu de trois minutes. Et je le soupçonne d’avoir fait un détour exprès (rire). »

« Ça ne vaut pas une victoire, mais je suis quand même fier d’avoir le KOM du col du Chat »

Parce qu’il ne faut pas se leurrer. Les professionnels aussi prennent ce “jeu” au sérieux. « Par exemple, j’en connais qui mettent toutes leurs sorties en privé, sauf celles où ils ont décroché un KOM », révèle un peu moqueur Alex Baudin, originaire d’Albertville et pensionnaire de l’équipe EF education-easyPost.

Sans être aussi extrême, celui qui en détient plus de 500 avoue ressentir un certain plaisir au moment de regarder son compte Strava : « Ça ne vaut pas une victoire, mais je suis quand même fier d’avoir le KOM du col du Chat, par exemple. Il y a plus de 77 000 tentatives, dont plusieurs pros comme Kevin Geniets ou Victor Lafay. »

Finalement, comme le résume Antoine Boudsocq, Strava permet tout simplement de réaliser « le rêve de presque tout cycliste, débutant ou non » : se comparer avec les meilleurs du monde.

Article issu du Dauphiné Libéré

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