La France abrite 58 parcs naturels régionaux dont celui de Chartreuse qui vient de fêter ses 30 ans, le 14 juin dernier. « Les premiers parcs remontent à l’époque du général de Gaulle », rappelle en préambule Dominique Escaron, maire du Sappey-en-Chartreuse et actuel président de la structure. « Le parc de Chartreuse a été créé bien après celui du Vercors, qui est l’un des plus anciens d’Auvergne Rhône-Alpes. Il y a Belledonne sur les rangs depuis longtemps. Mais c’est une synergie complexe pour obtenir le label. »
C’est sous l’impulsion de Robert Fiat, maire de Saint-Égrève, qu’une association de préfiguration a été créée. « Petit à petit, tous les acteurs intéressés se sont réunis pour élaborer une charte commune qui répond à un certain nombre d’exigences réglementaires. Le dossier a ensuite été porté auprès des ministères à Paris pour obtenir ce label. » Une nouvelle charte a été approuvée en 2022, définissant le projet de développement du territoire pour les 15 prochaines années.
Deux départements et 72 communes
« Le parc, c’est d’abord une entité géographique parlante pour tout le monde. Administrativement, c’est un territoire explosé. En Chartreuse, on est à cheval sur deux départements, Savoie et Isère. On rassemble 72 communes, rattachées à sept établissements publics de coopération intercommunale. La particularité, c’est qu’on n’a aucune compétence, mais des missions. On travaille à créer l’unité, en lien avec les communes, les EPCI, le Département, la Région et les autres partenaires du territoire. À titre d’exemple, dans le domaine du tourisme, compétence des EPCI, on est garant de la cohérence du schéma touristique, à l’échelle de la destination. »
L’une des premières missions du parc a d’ailleurs été de structurer les chemins de randonnée. « L’offre représente aujourd’hui 1 500 km de chemins balisés de manière uniforme et sécurisée ». Sur le plan de l’agriculture, face à la baisse du nombre d’exploitations, « le parc a accompagné les agriculteurs, leur a trouvé des débouchés ». Au niveau de la forêt, qui recouvre 55 % du territoire, la structure a contribué au développement de la filière bois. « Après 15 ans de travail, on a obtenu le label AOC bois de chartreuse, la première AOC obtenue sur le bois, avant le Jura ! », s’enorgueillit Dominique Escaron. Parmi les autres réalisations à l’actif du parc, l’élu cite en outre la réintroduction du bouquetin qui avait disparu du massif, et encore l’attribution du label Rivière sauvage pour le Guiers-Mort, après sa renaturation entre Saint-Pierre-de-Chartreuse et Saint-Laurent-du-Pont.
« Les parcs ont fait preuve de leur résilience »
À l’heure de fêter les 30 ans et d’inaugurer la Maison du Parc, le président n’est pas inquiet pour l’avenir de la structure. « Depuis 50 ans, les parcs ont fait preuve de leur résilience », face aux évolutions administratives et à la baisse des budgets. Alors que les effectifs du parc (25 salariés) ont légèrement diminué dans le temps, « nos partenaires financiers (Région, Département, État et communes) tiennent leurs promesses. On s’est adapté et on est attentif à ce que l’argent soit majoritairement reversé dans des actions concrètes. On trouve toujours les moyens de garantir nos missions à travers des appels à projet. »
Car les enjeux sont de taille : « Le réchauffement climatique affecte la forêt, menacée par le stress hydrique et les scolytes [insectes qui s’attaquent aux résineux] », alerte Dominique Escaron qui mentionne l’autre problématique des stations, contraintes de faire évoluer leur offre. La surfréquentation touristique est l’autre enjeu d’actualité, avec des « pratiques pas toujours en phase avec la préservation de la nature. Les gens oublient que la montagne n’est pas un espace public. On peut y venir, mais il y a des règles à respecter. »
« Les habitants sont très attachés au massif et au Parc »
« Aujourd’hui, les habitants sont très attachés au massif et au Parc », se réjouit Dominique Escaron qui cite pour preuve l’autocollant de la chouette, emblème du parc, affiché sur de nombreuses voitures. Il n’élude pas les critiques relatives aux tensions entre propriétaires et usagers de la montagne, de la part « de personnes qui se cachent derrière leur pseudo, souvent des urbains qui n’habitent pas le territoire » : « J’entends dire que le parc serait complice de la privatisation de la nature. C’est une méconnaissance de la situation : les propriétaires étaient présents avant le parc. Les touristes ont globalement accès aux chemins. Je ne vois pas en quoi un gestionnaire public serait plus attentif qu’un gestionnaire privé du respect d’une prairie, d’une forêt ou d’une falaise. »
Concernant la dernière polémique autour du sentier Vermorel, un des chemins d’accès à la Pinéa, Dominique Escaron l’assure : « Le propriétaire n’a pas interdit la circulation des piétons, il a juste demandé à un trail de ne pas passer chez lui. On va encore travailler pour améliorer les choses. »
Article issu du Dauphiné Libéré