« Un dénivelé de fou, un panorama dingue sur Serre-Ponçon » : cette montée méconnue rêve du Tour de France

Le mont Colombis, à Théus, c’est à la fois le jardin et le « camp d’entraînement » de Serge Garnier, un cycliste de 59 ans. Il est de ces passionnés qui maîtrisent leur sujet sur le bout des doigts. Et, au bout des siens il y a un guidon. Des temps de référence en passant aux cyclistes de renom qui ont réalisé cette ascension… rien ne lui échappe. Lui a commencé à ses 14 ans. « Je le grimpe en entier cinq à six fois par an. » Sans compter la noria de “demi-Colombis” qu’il a réalisés, en descendant dans la vallée chercher son journal.

Du haut de ses quelque 1 730 mètres, le Colombis est un défi : 11,5 kilomètres environ à plus de 9 % de pente de moyenne…. « Souvent, on me dit “Ton Colombis, il nous casse les jambes” », sourit le maire Gilbert Leydet. Mais toujours est-il qu’ils sont nombre de cyclistes à s’y mesurer. « On est classé comme équivalent au col du Granon. » Une comparaison qui n’est pas anodine : ce dernier a eu l’honneur d’une étape majeure du Tour de France 2022.

Le maire a écrit à ASO pour faire venir le Tour de France

Au début de l’été, Gilbert Leydet a écrit à Amaury sport organisation (ASO) afin de faire venir la Grande Boucle lors d’une arrivée d’étape. « J’ai cette idée en tête. Ça serait quelque chose, avec la vue à 360° là-haut. » Une rencontre avec le sénateur haut-alpin, Jean-Michel Arnaud, fait avancer le dossier. Le parlementaire ne boude pas son plaisir de transmettre la sollicitation. « Un dénivelé de fou, un panorama dingue sur Serre-Ponçon, la montée à travers le village perché typique qu’est Théus, la mise en valeur d’un patrimoine géologique avec les Demoiselles coiffées … », acquiesce-t-il.

Sans oublier le profil sportif des lieux. Les lacets, les replats, la pente qui s’aventure au-delà des 15 % : l’ascension promettrait du grand spectacle. « S’ils montent à bloc, ça fera des différences énormes. Tu peux perdre ou gagner beaucoup », décrit avec gourmandise Serge Garnier. Comment serait classé le Colombis ? « Hors catégorie, il n’y a même pas de discussion ! » Le quinquagénaire imagine des « gars comme Pogacar » en terminer avec son ascension fétiche en moins de 40 minutes.

« Les cyclistes du département rêvent d’une arrivée au mont Colombis. C’est signe de nouveauté et de jamais-vu. Alors pourquoi pas ? », interroge Cédric Bertochio, le premier adjoint de Théus. « On a un point de vue sur le lac, c’est encore mieux que lorsqu’on longe Serre-Ponçon », glisse Joël Bonnaffoux, président de l’intercommunalité du Val d’Avance. Celui qui est aussi conseiller départemental a appuyé la demande auprès d’ASO. « Je pense que c’est très favorable pour le territoire et intéressant en termes d’images. » Gilbert Leydet, le maire de Théus, ne dit pas autre chose. « On est dans un département où l’on vit du tourisme. Et chaque commune, aussi petite soit-elle, doit faire l’effort. » Agriculteur de métier, présent sur les marchés, il explique lui-même en tirer une partie de ses revenus.

Un déploiement logistique à imaginer comme dans le Granon

Reste la faisabilité. Certes, la route départementale jusqu’au sommet est parfois étroite. Mais le Colombis n’est pas un cul-de-sac. « Il y a des pistes en terre mais carrossables même avec une Clio », image Cédric Bertochio. De quoi permettre, raisonne-t-il, l’évacuation de secours comme des cyclistes une fois arrivés. Avec un déploiement logistique à imaginer comme dans le Granon. « La caravane s’arrêtant en bas, un minimum de véhicules en haut, un accès uniquement piéton-cycliste… », schématise Gilbert Leydet.

S’il y a des « retouches » à envisager sur la route, le maire de Théus imagine des investissements « utiles à l’avenir ». Quel serait le coût ? « On n’en est pas encore là, il faut savoir si le Colombis intéresse. » Dans la vallée, il se murmure que l’organisateur aurait pu, déjà, prospecter… « Je pense que c’est un travail au long cours qui, à un moment, retient l’attention du traceur du Tour, dès lors que tous les acteurs locaux accompagnent activement le projet », assure le sénateur Jean-Michel Arnaud.

D’ici là, le Tour est bien attendu dans les Hautes-Alpes en juillet 2026 entre Gap et Orcières. Sur les pentes du Colombis, il y aura probablement Serge Garnier. « Le paysage y est magnifique. Tu passes de la Provence en bas à la haute montagne. À l’automne, les mélèzes sont orange et, avec le soleil qui se couche, c’est franchement beau. »

Article issu du Dauphiné Libéré

Découvrez nos lectures liées
Restez informé, suivez le meilleur de la montagne sur vos réseaux sociaux
Réserver vos séjours :
hébergements, cours de ski, forfaits, matériel...

Dernières actus