Un million huit cent mille euros à Méribel-Mottaret, cette année. 1,6 million d’euros à Val Thorens. Avec 11 % des investissements des domaines skiables sur la période 2020-2023, l’optimisation des réseaux de neige de culture est au cœur des préoccupations. Même des plus grands et en altitude.
« Une production de neige de culture plus raisonnée »
Avec un domaine skiable de 245 hectares qui s’étend de 2 839 m d’altitude jusqu’à 1 384 m, Les Menuires ne sont pas en reste. « Avec 528 enneigeurs, 55 % du domaine est équipé », souligne Olivier Poncet, directeur du service des pistes. Pour une moyenne nationale de 40 %, contre 90 % en Italie et 70 % en Autriche. « On s’est engagés à ne plus développer nos surfaces de pistes équipées dans nos futurs projets et à une production de neige de culture plus raisonnée. Il faut être efficient sur les ressources ».
À commencer par l’eau, de plus en plus précieuse. « Grâce à nos quatre retenues en altitude, notre capacité de stockage est de 265 000 m³, pompée dans le milieu naturel. Au printemps, avec la fonte et les ruisseaux, les lacs se remplissent. En octobre, on vérifie leur niveau, pour combler les pertes éventuelles, par évaporation notamment », poursuit Olivier Poncet. Un complément sera fait durant la saison. « On s’est engagé à pomper 670 000 m³ pour cette saison d’hiver, au maximum 720 000 m³ en fonction de l’évaporation et des pertes sur les canalisations. Le but, c’est d’en prendre le moins possible ». La Direction départementale des territoires, service de l’État, attribue ces volumes et se voit communiquer, chaque année, ceux consommés.
C’est le volume moyen de production de neige de culture sur une saison pour les domaines skiables français, pour enneiger en priorité des secteurs stratégiques: front de neige, retour station, jardin d’enfants, zones ludiques...
7 à 9 millions de mètres cubes d’eau ont été utilisés, en Savoie, ces derniers hivers, pour fabriquer de la neige de culture, selon les données publiques de l’observatoire de la DDT. 65 % de cette eau provient des retenues collinaires. Un mètre cube d’eau pulvérisé avec de l’air froid permet de donner 2 m3 de neige.
« On est passé de la neige de culture à la juste neige »
Aspects écologique et économique (coût de l’énergie) se conjuguent. « En dix ans, on a divisé par dix le coût de production du mètre cube de neige de culture. On essaye d’être le plus vertueux possible. On est passé de la neige de culture à la juste neige », schématise Benjamin Blanc, directeur de la régie des pistes des Belleville. « Les tas de neige, dans les talus, c’est fini », renchérit Olivier Poncet. « La production est pilotée au plus juste. De la microchirurgie, un travail très technique, avec beaucoup d’investissements, d’anticipation ».
Derrière les économies d’énergie (modernisation et pérennité des installations avec le remplacement des têtes d’enneigeurs qui consomment le plus d’air et d’énergie, le changement des compresseurs pour ne plus utiliser d’eau pour le refroidissement…), il y a toute une réflexion autour de la gestion anticipée et programmée, en fonction de l’altitude et de l’exposition des pistes.
« Une production instantanée la plus efficace possible »
« En se basant sur les historiques de production depuis 2011-2012, sur les épaisseurs moyennes de neige enregistrées par les logiciels, on a rempli le tableau d’objectif 2024-25, avec des phases d’enneigement privilégiées par piste, par enneigeur. On cible des priorités ». Un plan de début de saison qui s’affine, durant l’hiver, au quotidien avec les retours du terrain (chefs de secteur des pistes, dameurs, équipe neige). « On échange autour des priorités d’enneigement ».
Avec le changement climatique, le recours à la neige de culture évolue. « Les créneaux sont de plus en plus courts. La limite pluie-neige remonte de plus en plus. L’hiver dernier, elle flirtait avec 2 300 m d’altitude. Il faut donc une production instantanée la plus efficace possible, avec un minimum de perte », insiste le directeur des pistes. « On s’est engagé à améliorer nos connaissances sur le milieu naturel, à une meilleure gestion de la ressource (ne pas augmenter nos prélèvements et les limiter en période d’étiage en faisant le remplissage au printemps quand l’eau est en abondance). On a aussi renoncé à utiliser des enneigeurs à température positive. Il faut changer les habitudes et l’expliquer ».
Et d’ajouter : « On se doit de produire de la neige qui permette de skier. Nous sommes aussi un service de secours, donc pas question de faire de la neige accidentogène, ni politique ». Avec les premiers froids, les quatre personnels de l’usine à neige (sur 107 employés au service des pistes des Menuires) sont à pied d’œuvre. Sur les domaines skiables, 50 à 80 % de la campagne d’enneigement se fait avant le 31 décembre.
Article issu du Dauphiné Libéré