Une cabane perchée à 2 841 mètres d’altitude, vielle de plus d’une centaine d’années, qui respire la modernité. Le mythique refuge de la Charpoua, reconstruit à neuf au printemps, a été inauguré vendredi 25 août. Des élus, des guides de haute montagne et des ouvriers ayant œuvré à sa reconstruction ont grimpé 2 000 mètres de dénivelé positif pour rendre visite à cet abri coincé au pied des Drus. Une excursion faite à pied, afin de rendre hommage aux anciens ayant construit en 1903 la première cabane, en portant tous les matériaux sur leur dos.
« Nous avons d’ailleurs réglé un des problèmes majeurs de ce refuge, celui de l’eau »
Chose que le maire de Chamonix, Éric Fournier, n’a pas manqué de mentionner dans son discours, en soulignant que la Charpoua fut l’un des derniers vieux refuges à être reconstruit dans la vallée. « La majeure partie des refuges de la vallée ont maintenant été rénovés. Nous espérons pouvoir tous les moderniser d’ici 2026 », affirme celui qui à ses heures perdues, est aussi cristallier. « Ce sont les dossiers les plus agréables et passionnants, mais qui sont aussi très importants pour la sécurité de tous. Nous avons d’ailleurs réglé un des problèmes majeurs de ce refuge, celui de l’eau », continuait l’édile, rappelant que cette mue à 330 000 euros a permis de conserver l’esthétique du bâtiment originel, tout en le faisant entrer dans le XXIe siècle. Ironie du sort puisque lorsqu’on arrivait ce 25 août après quatre heures d’effort, Sarah Cartier, la gardienne de ce petit temple pour alpinistes, faisait face à un problème de plomberie.
Mais, la maîtresse de ces hauts lieux, perchée à la Charpoua pour sa neuvième saison, se sent revivre depuis la rénovation. « Cela fait du bien d’avoir un endroit à soi, pour les petits, mais aussi pour les alpinistes », avoue la Valaisanne avec soulagement. Car la particularité de cette modernisation réside dans la construction d’un espace séparé, pour stocker le matériel, mais aussi et surtout pour le confort de la famille gardienne du logis, qui n’a plus à cohabiter avec les montagnards de passage dans l’unique dortoir. À quatre, il en faut de la place, surtout avec deux enfants en bas âge, qui crapahutent déjà sur les barres rocheuses alentour de leur jardin certes abrupt, mais splendide.
Si Sarah Cartier s’attendait à surfer sur l’effet de nouveauté, ce ne fut pas vraiment le cas. « L’an dernier, je pensais qu’il y aurait eu plus de monde pour revoir une dernière fois les vieilles planches de bois. Cette année aussi, j’espérais que les montagnards grimperaient jusque-là pour rencontrer le nouveau refuge, mais finalement, la fréquentation n’a pas été excessive », assure celle qui est aussi céramiste, monitrice et professeure de yoga.
En attendant que l’hiver passe, les enfants retourneront à l’école, Sarah à ses skis et les alpinistes aussi. La Charpoua patientera jusqu’à l’été prochain. Sa porte vitrée, ses 12 couchages et sa table autour de laquelle se sont installés des monuments de l’alpiniste, seront alors fin prêts à les accueillir, pour une saison de plus.
