Sous un soleil printanier, devant son atelier des Praz, Andy Parkin travaille à son tout nouveau projet. Il nettoie l’acier, soude, et fait naître, petit à petit, une structure artistique faite de récupération, avec des matériaux qui retrouveront bientôt une nouvelle vie.
Andy est né dans le nord de l’Angleterre, tout près de l’Écosse, loin des grandes cités, dans un lieu un peu oublié du reste du pays. C’est là qu’il commence à peindre, dès l’enfance, avant de découvrir l’escalade à 14 ans, au Peak Discrict et ses grandes étendues sauvages, faites de plateaux rocheux et de falaises de grès. Une vie d’aventures adolescentes faite de grimpe et de bivouacs, qui mènera à la rencontre avec de « vrais grimpeurs ». « Nous nous sommes alors rendu compte que l’on faisait partie de quelque chose, une communauté, qui m’est ensuite apparue internationale quand je suis arrivé à Chamonix. Le monde de l’alpinisme m’ouvrait ses portes et j’étais fier d’être ce jeune grimpeur britannique accepté par les anciens. Une fierté un peu comme ceux qui veulent être acceptés par un gang », dit-il.
Puis un jour, il franchit le col des Montets en stop pour découvrir Chamonix. « La personne qui nous avait pris en stop, s’est alors arrêtée pour nous montrer le paysage, en nous disant “Vous n’avez jamais vu cela”. Et il avait raison ».
« Ça, ce sont des montagnes ! »
Ce premier regard sur la chaîne du Mont-Blanc dont Andy n’avait même jamais vu de photos, fut une révélation. « Mes seules images de cette vallée étaient des tableaux du XIX siècle, et j’imaginais que les artistes de l’époque avaient sans doute exagéré. Mais ce n’était pas le cas et je me suis dit : “Ça, ce sont des montagnes !”… Aujourd’hui encore, j’ai cette même sensation quand je suis au col des Montets ».
Des montagnes au cœur desquelles Andy va réaliser de grandes courses, toujours plus difficiles et toujours plus engagées. « C’était devenu mon mode d’expression primordiale, je ne pouvais pas faire mieux que risquer ma vie pour mon idéal ». Puis l’accident, un rocher qui cède, la chute et la nécessité de se reconstruire. Andy retrouve la peinture, dans les hôpitaux, d’abord pour occuper les longues journées d’inactivité, puis, comme pour la montagne, un besoin d’aller au bout, de progresser encore et encore. Sa première exposition à la Maison de la montagne se fera en 1986.
La sculpture, un travail avec la matière, tactile, une nouvelle forme d’expression qui réutilise des matériaux, leur redonne une nouvelle vie. Des journées passées à chercher des morceaux d’histoire des anciens refuges sur le glacier des Bossons, et faire de la récupération l’élément désormais essentiel de son art, qu’il partage avec les plus jeunes, comme au Népal pour le projet caritatif de Doug Scott, ou Andy travaille avec des enfants sourds, particulièrement réceptifs à l’expression artistique.
« Après des mois de solos en montagne, j’en avais marre de moi-même, alors je redescendais, pour m’immerger totalement dans cette culture népalaise, leur donner la possibilité de s’exprimer, de créer, d’avoir confiance en eux. C’est sans doute l’une des plus belles choses de ma vie, cette école silencieuse, et cette frénésie de partage et de création ».
Adaptation, engagement et partage : des mots qui résonnent tout naturellement dans la vie du grimpeur artiste, qui continue son chemin, simplement, et passionnément. « L’art m’a permis de croire en moi-même, de me réaliser et aussi de communiquer, au travers des interviews, des films. Et c’était plus facile que de vendre de la montagne, chose pour moi presque trop sacrée ».
Article issu du Dauphiné Libéré
