Pourquoi les soldats de montagne se sont-ils entraînés sur les pentes du Galibier ?

Du 24 au 27 novembre, le calme des pentes du Galibier a été troublé par le bruit des canons et des fusils. 1 200 militaires de la 27e brigade d’infanterie de montagne (BIM) ont participé à l’exercice Cerces, sur le grand champ de tir des Alpes, une zone naturelle immense au-dessus de Valloire. Une occasion unique pour ces soldats de s’entraîner en conditions réelles et de tester de nouveaux matériels. Retour sur cette opération.

Reprendre le vallon à une armée ennemie

En ce mardi matin (le 26 novembre), les conditions météo sont idéales dans le vallon des Motets, à quelques hectomètres des pentes du col du Galibier, avec une visibilité optimale. Tôt dans la matinée, un hélicoptère survolait le secteur, afin de s’assurer qu’aucun randonneur ne s’était aventuré dans la ligne de mire des canons. La période est idéale, trop tard pour les marcheurs et encore trop tôt pour les skieurs. Des vigies contrôlent les crêtes, l’exercice peut débuter.

Le scénario du jour : reprendre le vallon à une armée ennemie qui s’en serait emparée, y ayant installé plusieurs défenses. Il faut donc reconnaître le terrain et localiser les places fortes avant d’en déloger l’adversaire, à coups de canon, de missiles et de mortiers, avant de le défendre. Pour ce faire, « on combine toutes les spécialités des soldats de montagne, et on les met en condition de manœuvre à tirs réels », commente le général Lionel Catar, commandant la 27e brigade d’infanterie de montagne (BIM), une brigade composée de plusieurs unités.

« Ici, tout est vrai, rien n’est simulé »

Des exercices à tirs réels, c’est l’une des spécificités de Cerces. Ici, tout est vrai, rien n’est simulé, des tirs d’armes légères aux missiles et tirs de mortiers. « C’est un luxe que l’on a, et on mesure notre chance », admet le lieutenant-colonel Marc-Antoine du 7e bataillon de chasseurs alpins (BCA).

Ce n’est pas peu dire : certains missiles tirés lors de cet exercice coûtent 200 000 € pièce. Comme ces missiles à moyenne portée, dit MMP, capables d’abattre n’importe quel char ennemi à quatre kilomètres de distance, et trouvant leurs cibles (presque) tout seuls. Un bijou technologique made in France qui appuie ces militaires depuis trois ans.

C’est cependant le prix à payer pour améliorer la « culture tactique » des unités, estime le lieutenant-colonel Marc-Antoine : « Ils vont manœuvrer avec le son des armes, ils vont voir les effets qu’elles produisent sur le terrain. C’est extrêmement précieux pour la culture de nos cadres et de nos chasseurs, qui, le jour où ils seront déployés en opération, auront déjà quelques repères parce qu’ils les auront eus sur ce champ de tir. »

Tester les armes à 2500 mètres d’altitude

En plus de cette culture du terrain, l’exercice Cerces permet de se faire une idée plus précise des limites des armes utilisées. À 2 500 mètres d’altitude, en hiver, le matériel ne répond pas toujours comme l’indique le manuel d’utilisation. C’est le cas de ces mortiers, tirant des obus de 80 millimètres, et installé sur un terrain meuble caché par le manteau neigeux. « À certains points, la hauteur de neige a posé problème sur le déploiement des tubes, et a obligé à creuser », continue le lieutenant-colonel.

D’autres incidents sont venus émailler cet exercice, comme un drone de reconnaissance refusant de décoller en raison du froid, offrant un retour d’expérience précieux.

Ce vaste terrain d’entraînement en zone naturelle, les militaires y tiennent et le respectent. Beaucoup d’engagés ont choisi de rejoindre le corps des chasseurs alpins pour y épanouir leur passion de la montagne, témoigne le lieutenant-colonel Marc-Antoine. Chaque année en début d’été, après la fonte des neiges, des militaires sont dépêchés pour nettoyer le champ de tir. Ils y retirent douilles et obus afin de laisser le secteur le plus propre possible. « On retrouve parfois des munitions qui datent des années 1930 », ajoute le général Lionel Catar.

La manœuvre s’est achevée le mercredi 27 novembre sur les pentes du Galibier. Les soldats se sont ensuite employés à démonter leurs installations.

Article issu du Dauphiné Libéré

Découvrez nos lectures liées
Restez informé, suivez le meilleur de la montagne sur vos réseaux sociaux
Réserver vos séjours :
hébergements, cours de ski, forfaits, matériel...

Dernières actus