Via ferrata : tout ce que vous devez savoir avant de vous lancer

« C’est une activité faite pour donner des sensations fortes. » La via ferrata, il est l’un des mieux placé pour en parler. Guide de haute montagne, Robert Berger-Sabattel a joué un rôle important dans sa démocratisation, en installant plus d’une centaine de parcours en France et à l’international. À l’entendre, ces aménagements métalliques ne manquent pas d’avantages : « on a le vide sous les pieds, mais on évolue sans obstacles techniques », décrit-il.

Comme en escalade, on trace sa route dans une paroi rocheuse en s’élevant à des hauteurs parfois vertigineuses. Mais le niveau de connaissances requis est bien inférieur, et les itinéraires sont particulièrement sécurisés. « Ça ne va pas être nécessairement difficile, mais on évolue dans des lieux sauvages, où il ne faut pas mettre le pied au mauvais endroit », explique Robert Berger-Sabattel. Les barreaux doivent être saisis un à un, mais si vous souhaitez vous lancer et attraper le premier, voici ce qu’il faut savoir avant de débuter.

Photo Le DL/Antoine Chandellier
Photo Le DL/Antoine Chandellier

Qu’est-ce qu’une via ferrata ?

Arrivées en France à l’orée des années 1990, les via ferrata françaises sont conçues uniquement pour le loisir. Ce sont des itinéraires tracés à même le rocher et aménagés pour être accessibles au plus grand nombre. Ils se composent toujours d’un câble appelé « ligne de vie », prévu pour la sécurité, et de matériaux d’aides à la progression (barreaux métalliques, câbles, poutres, …). Le parcours peut également intégrer par endroit des éléments naturels, comme des prises naturelles sur le rocher. Le principe est simple : aller du début à la fin !

Est-ce que c’est difficile ?

Il n’y a pas de réponse unique ! Et le ressenti de chacun dépendra autant de son expérience que de sa forme physique et de son aisance face au vide. Il existe toutefois une échelle spécifique pour mesurer la complexité d’un itinéraire. Elle va de F (facile) à ED (extrêmement difficile). Elle prend en compte des paramètres comme la difficulté athlétique, l’abondance ou non de l’aménagement et la durée. Chaque via ferrata est donc spécifique, comme l’explique Robert Berger-Sabattel : « un parcours facile sera court et se déroulera essentiellement sur des vires. Il faudra principalement marcher et on devra mettre les mains de temps en temps. »

« En revanche, poursuit-il, un itinéraire très athlétique, peu équipé avec une grosse sensation de vide et qui dure longtemps sera extrêmement difficile. » Par exemple, la via ferrata urbaine des prises de la Bastille, à Grenoble, est constituée de deux parties : la première cotée AD/D (entre assez difficile et difficile) est particulièrement vertigineuse. La seconde, estimée à D/TD (entre difficile et très difficile), est plus physique.

Photo Le DL/Antoine Chandellier
Photo Le DL/Antoine Chandellier

Quel est le matériel nécessaire ?

En via ferrata, vous confiez votre vie au matériel. Il est donc primordial de ne rien oublier et de bien le sélectionner. L’arsenal du pratiquant se compose d’un baudrier et d’un casque, comme en escalade. Il faut également se munir de longes spécifiquement conçues pour l’activité. Elles sont étudiées pour absorber les chocs en cas de chute, même violente, et de deux mousquetons à verrouillage automatique. Ces longes ne quitteront pas la ligne de vie, et les mousquetons seront passés l’un après l’autre à chaque ancrage intermédiaire de manière à ce que le pratiquant soit toujours sécurisé. Il peut être intéressant de se munir d’une troisième longe, fixe cette fois-ci, qui aura vocation à être attachée aux barreaux, et pas à la ligne de vie. Elle permettra de se reposer en s’asseyant dans son harnais.

Le reste du matériel relève du bon sens : des chaussures, des lunettes de soleil et de la crème selon la météo, un petit sac à dos, ainsi que suffisamment d’eau et de nourriture. « L’été, il fait de plus en plus chaud, donc dans une paroi calcaire exposée plein sud, on risque de souffrir », précise Robert Berger-Sabattel. Un panneau rappelant le matériel obligatoire est en principe présent au pied de chaque itinéraire. Des gants peuvent apporter du confort aux mains.

L’usage de la corde, en complément, est recommandé pour les enfants et les débutants. Elle peut offrir un sentiment de sécurité, mais nécessite que la personne la plus expérimentée de la sortie sache l’utiliser couramment. Seuls quelques mètres de corde doivent séparer les ascensionnistes.

Est-ce que c’est dangereux ?

« À partir du moment où on respecte bien les consignes de sécurité, on ne craint pas grand-chose », analyse le guide de haute montagne. « Je n’ai pas connaissance d’un accident lié à du matériel en place qui aurait lâché. » En revanche, la chute, potentiellement violente, reste à éviter : « les longes, c’est un peu comme l’airbag d’une voiture, illustre Robert Berger-Sabattel. Leur système d’arrêt se déclenche en cas d’accident, mais on peut quand même se faire mal. »

Le matériel utilisé doit absolument être adéquat : par exemple, remplacer des longes par de simples sangles est mortellement dangereux : en cas de chute, elles se briseraient. Une fois dans la paroi, il faut veiller à toujours garder au moins un mousqueton attaché au câble de ligne de vie. Si toutes ces conditions sont remplies, il n’y a pas de soucis à se faire.

Photo Le DL/Sandie Bircan
Photo Le DL/Sandie Bircan

Est-ce que ça fait peur ?

L’exposition au vide, pour certaines personnes, est si impressionnante qu’elle peut entraîner une tétanie. Mais, à moins que votre vertige ne vous paralyse même lorsque vous vous tenez debout sur une chaise, il n’est pas forcément incurable. En via ferrata, cette prise de pouvoir sur la peur du vide peut faire partie des sensations les plus enthousiasmantes, comme le raconte Robert Berger-Sabattel : « Je me souviens d’un client que j’ai emmené sur un parcours au-dessus du lac du Bourget qui est un peu vertigineux au début. Il était terrorisé. Mais en quelques minutes, en restant près de lui, en lui demandant de se concentrer sur ce qu’il faisait, en lui disant de regarder le lac… Il s’est relâché tout seul. Une fois sorti, il m’a dit qu’il avait vécu l’expérience de sa vie. »

Appréhender la hauteur, c’est donc un exercice qui nécessite de prendre sur soi, de se concentrer sur l’exécution de chaque mouvement, et, par moment, de lever le nez et d’affronter le vide. « Si on est persuadé qu’il y a un danger irrépressible dans notre dos, c’est difficile de le dépasser », poursuit le guide. Plus l’exposition est progressive, plus l’acclimatation est aisée.

Est-ce qu’il vaut mieux y aller à un moment de la journée plutôt qu’un autre ?

Là encore, il n’y a pas de vérité. La réponse dépend de la météo, de la saison, de l’altitude, de la température, de la longueur du parcours… « Faire des via ferrata au coucher du soleil, ça peut être très sympa ! » lance l’homme aux 100 et quelques itinéraires. En plein été, un départ matinal assurera d’éviter les grosses chaleurs de la journée, voire les orages de fin d’après-midi. Ce qui est plus qu’important : une via ferrata, c’est de la ferraille. Les chances de prendre la foudre sont donc décuplées !

Photo Le DL/Jean-Benoît Vigny
Photo Le DL/Jean-Benoît Vigny

Est-ce que c’est cher ?

Dans l’écrasante majorité des via ferrata françaises, l’accès est entièrement gratuit. À l’étranger, ce n’est pas toujours le cas : hors de l’arc alpin, le modèle le plus répandu est celui de la via ferrata à péage, où tout est compris… Mais le prix n’est pas le même.

En France, le matériel est à la charge des pratiquants et coûte entre 175 et 200 euros par personne. Pour ceux qui souhaitent n’en faire que de temps en temps, il est possible de le louer pour une vingtaine d’euros par jour et par personne tout compris. Enfin, ceux qui souhaitent débuter en toute sécurité peuvent faire appel à un professionnel : de nombreux bureaux des guides et moniteurs d’escalade proposent leurs services.

Et pour ma première, je fais comment ?

Mieux vaut effectuer sa première sortie en compagnie d’une personne parfaitement compétente, que ce soit une connaissance ou un professionnel. L’autonomie s’acquiert rapidement, mais les conséquences en cas d’approximations peuvent s’avérer dramatiques. Vous pouvez trouverez des renseignements spécifiques aux différents parcours dans des livres dédiés, sur internet ou auprès du bureau des guides local. Veillez à choisir un itinéraire qui vous permette de vous familiariser tranquillement avec l’activité : ni trop long, ni trop soutenu. Ou, comme dirait Robert Berger-Sabattel, « pour se tremper dans l’ambiance. » Avant d’y prendre goût ?

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