Climat, énergie, logement : Les Orres trace la voie des stations du futur

Les stations de ski doivent muter vers un modèle plus durable. Les Orres, l’une des grandes stations des Hautes-Alpes, exposée au réchauffement climatique, multiplie les initiatives notamment au niveau de la gestion des énergies, un point crucial pour les exploitants.

La station des Orres culmine à 3 000 mètres et selon l’étude de référence Climsnow, elle devrait pouvoir exploiter son domaine jusqu’à l’horizon 2054. Néanmoins, le maire Pierre Vollaire a lancé une politique publique de transition écologique. Son passé de capitaine d’industrie, son assise politique, lui confèrent une expertise précieuse. « On peut y arriver, assume-t-il. Il faut s’attaquer à ces sujets avec méthode, énergie et volonté politique. » L’élu peut se targuer d’enregistrer des progrès significatifs.

Photo Le DL/Thibaut Durand
Photo Le DL/Thibaut Durand

Une nouvelle centrale hydroélectrique

Ainsi, l’initiative locale la plus spectaculaire est la création d’une toute nouvelle centrale hydroélectrique de l’Eyssalette. Portée sur les fonts baptismaux, mise en service en fin d’année 2024, cette centrale est censée produire quatre gigawatts (GWh) d’électricité par an grâce à la puissance des torrents. « Cela correspond aux besoins en électricité des équipements de la station, en sachant que notre consommation totale est de 20 GWh », se félicite Pierre Vollaire.

À cette fin, une société a été créée, la mairie des Orres étant actionnaire à hauteur de 5 %. Cet investissement, de l’ordre de cinq millions d’euros, provient de partenaires privés, de financeurs et de banques. Hors saison d’hiver, l’électricité produite par la centrale a vocation à être vendue aux villes d’Embrun et Baratier à raison de 130 euros du mégawatt. Un contrat de rachat sur vingt ans a été signé dans ce cadre-là.

La mutation vers un modèle plus durable réclame également des économies d’énergie. Quelque 20 % de réduction de consommation d’énergie et d’eau ont d’ores et déjà été réalisés. Le recours aux ampoules LED a permis de baisser les coûts de l’éclairage public de 90 %. Cet effort se porte aussi sur les enneigeurs. « Grâce aux techniques modernes de mesure de l’épaisseur de la neige, cela nous permet d’enneiger avec le juste nécessaire », précise Pierre Vollaire.

Des enneigeurs, utilisés avec parcimonie, alimentés par des retenues collinaires de 140 000 mètres cubes d’eau. « La neige de culture est un outil incontournable de la vie des stations dans les années qui viennent », soutient le maire qui dénonce des « fakes » autour de cette technologie, notamment que l’eau serait polluée par des produits chimiques.

L’immense défi des logements

Mais ces progrès ne doivent pas occulter un grand défi à venir bien plus complexe : celui de la rénovation des logements. Tous les maires de stations de ski sont confrontés à ce casse-tête technique et financier. Pour l’essentiel construits dans les années 70, ce qui est le cas aux Orres, les logements sont de véritables passoires thermiques. Dans ce domaine, Pierre Vollaire affiche un volontarisme à toute épreuve. « Nous avons recruté une personne à temps plein pour informer et accompagner les propriétaires. »

En 2034, ces logements ne pourront plus être vendus ou achetés s’ils ont un mauvais classement DPE selon une loi récente. Le défi est immense, mais pas de quoi décourager Pierre Vollaire qui appelle d’ores et déjà les entreprises du BTP locales à se positionner sur ces marchés. L’élu table sur les JO 2030 et la loi olympique, actuellement en préparation au parlement, pour accélérer le processus.

Article issu du Dauphiné Libéré

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