Le plan caprin rejoint l’ensemble des dispositifs départementaux pour valoriser l’agriculture de montagne haut-savoyarde, pour permettre à la filière d’y renforcer sa place. Ce dispositif global permet de financer acquisitions d’équipements et petits matériels, avec des subventions de 40 à 60 %, dont un bonus pour les nouveaux installés et la montagne. Des points clefs expliquent cette stratégie.
« La filière caprine contribue à l’aménagement du territoire », explique Martial Saddier, président du conseil départemental. Les chèvres peuvent en effet s’installer n’importe où, là où les bovins ne le peuvent pas, notamment dans les alpages, fréquentés par 80 % des 100 exploitations caprines.
L’installation d’une exploitation nécessite en outre beaucoup moins d’investissement. Les aides du département visent à préserver l’état sanitaire des troupeaux, l’environnement mais aussi la chèvre de Savoie (1 000 sur un troupeau départemental de 7 700).
L’élargissement de l’offre de fromage constitue le second volet. Développer la production caprine augmente et diversifie l’offre (100 % de production locale) au côté du fameux chevrotin, appellation d’origine protégée (AOP) obtenue voici 21 ans après un gros travail. Le département intervient ainsi pour améliorer les conditions de production et appuyer la commercialisation.
Approvisionnement en eau : « Pas une question de sous mais de responsabilités »
Tout cela s’inscrit profondément dans la question du changement climatique. « Regardons avec lucidité s’il y a de la place pour s’installer en montagne, dans les zones escarpées où l’entretien des terrains fait défaut », avertit Martial Saddier.
Reste la question de l’eau à mettre en corrélation avec le développement voulu de cette filière. Si les exploitations caprines peuvent contribuer à la gestion de l’environnement, l’alimentation des troupeaux en eau et la lutte contre les risques d’incendie, plus accrus, ne peuvent être oubliées. « Il incombe aux collectivités locales d’assurer les travaux nécessaires, colonnes d’eau et unités de stockage. L’eau tombe annuellement en même volume, mais sur des périodes plus courtes. Retenir l’eau pour la garder quand il y en a besoin relève du bon sens », expose le président du Département avant de rappeler que « ce n’est pas une question de sous, c’est une question de responsabilités ».
Bruno Lathuraz s’est reconverti dans les exploitations caprines voici sept ans. Après une période comme salarié agricole en milieu caprin, il décide, à 35 ans, d’effectuer un retour à l’école (à La Motte-Servolex, Savoie) pour renforcer ses compétences, avant d’installer sa propre exploitation avec Sandrine, son épouse. Quatre années sont nécessaires dans la ferme du village à Serraval pour « faire le troupeau » avant que la reprise de l’alpage des Frênes, à quelques encablures de la ferme, ne complète le dispositif. Les 60 chèvres permettent une fabrication fromagère de janvier à octobre, distribuée à 80 % en vente directe, et 20 % en circuits courts. « C’est une petite exploitation avec une bonne valorisation des produits. »
