« Ah bon ! ? On doit payer le stationnement ? », s’étrangle Kylian, qui vient enfin de trouver une place après vingt minutes à tourner en rond au volant de sa voiture. Ni le jeune homme, ni ses quatre passagers, n’ont fait attention au panneau informatif à l’entrée de la station. Pas même aux horodateurs flambant neufs qui jalonnent l’avenue principale des Deux-Alpes. 30 euros la journée en plein centre. 100 euros la semaine, dans la même zone.
« C’est trop cher ! », s’indigne Anaïs. De toute façon, « on ne paye pas », tranche son copilote Alexis, 24 ans, qui croise les doigts pour éviter l’amende. « Ça commence à faire beaucoup, entre le prix du forfait, la location du matériel, le logement et l’essence pour venir. » Ajoutez à cela la difficulté pour trouver un emplacement sur les parkings pris d’assaut en cette période de fêtes. « La place ? Il faut l’inventer », souffle le couple qui finit par “se garer”, les roues arrière sur le trottoir.
« On va renoncer aux goûters, aux crêpes et aux restaurants »
« 100 euros la semaine, quand vous avez une famille, avec les petits qui prennent des cours de ski, ce n’est pas négligeable », déplore Ilona, qui pose ses bagages pour 7 jours aux Deux-Alpes, accompagnée du petit Gabin. « On va renoncer aux goûters, aux crêpes et aux restaurants le soir. » La jeune maman s’estime « chanceuse » d’avoir pu parquer son véhicule près de son logement. Elle est arrivée à 6 heures du matin pour trouver l’emplacement libre. Désormais, « la voiture ne bouge plus, si on part, on ne le retrouvera plus ».
Sur la place des Deux-Alpes, à quelques dizaines de mètres de la nouvelle télécabine Jandri 3S, un policier municipal photographie 4 véhicules. « S’ils pouvaient venir en voiture directement sur la piste et la neige, ils le feraient », soupire l’agent. 135 euros d’amende pour stationnement « dangereux ». Un peu plus loin, une énième voiture semble s’être créée une place, sur le verglas, le long d’un cheminement piéton. Si son propriétaire revient à temps, il découvrira sur son pare-brise une menace de mise en fourrière.
« L’impression d’être à Lyon, pas à la montagne »
Faute de trouver plus près, Daniel a garé sa voiture à 500 mètres de chez lui. En tant que propriétaire, il a droit à un “tarif préférentiel”, à hauteur de 25 euros par mois. Une somme « relativement élevée », considère le Lorrain, qui regrette d’avoir « découvert brutalement » le stationnement payant. « Retrouver les parcmètres [71 au total] et les contraintes de la ville, ça donne l’impression d’être à Nancy ou à Lyon, pas à la montagne. »
Le maire, Stéphane Sauvebois, défend les bénéfices environnementaux du stationnement payant : « Cela fait plus de 40 ans qu’on se plaint de la pollution visuelle avec des voitures stationnées dans tous les sens. Des décennies que les gens trouvent que la station est polluée avec beaucoup de voitures qui circulent pour des trajets courts. »
Un réseau de navettes renforcé
Pour compenser les places de stationnement perdues à cause de la restructuration de l’artère principale, la municipalité a fait construire le grand parking des Glaciers, à l’entrée de la station. 300 places à moindre coût : 15 euros la journée. Premier arrivé, premier servi.
En parallèle, elle a renforcé le réseau de navettes avec 8 lignes gratuites qui enchaînent les va-et-vient, toute la journée, sur l’ensemble de la commune « avec des passages toutes les 7 minutes aux arrêts les plus fréquentés ».
Autre suggestion du maire, pour les Grenoblois, qui souhaitent monter à la journée ? « Nous les encourageons à se rendre sur la station en bus, puis à utiliser les navettes sur place ». Dans le cas des bus Transaltitude, en réservant sur internet, l’aller retour dans la même journée vous coûte 26 €. Soit 4 € de moins que le stationnement en zone centre. Toujours en achetant votre billet en ligne, il existe les offres »skiligne » : des aller-retours incluant le forfait journée, au départ de Grenoble, le plus souvent, à partir de 56 euros.
Par ailleurs, le maire insiste : « Nous souhaitons, à travers cette mesure, inciter à covoiturer. »
Le long de l’artère principale, Martial Dode, président de l’association 2 Alpes nature et environnement, glisse un bout de papier derrière tous les essuie-glaces qu’il rencontre. Il s’agit d’un appel à signer sa pétition : “Non au stationnement payant, oui aux parkings couverts payants au pied des pistes” nuance celui qui possède un hôtel sur le front de neige. Gratuit en surface, payant en souterrain.
« Le client n’a pas envie de déneiger sa voiture et d’être embourbé », croit savoir Martial Dode, qui pointe du doigt les plaques de verglas sous les roues des véhicules. « Dans ce cas, les gens payent mais n’ont aucun service, donc ils sont mécontents. Si le parking est souterrain et propre, le client viendra payer sa place de parking car c’est un service. » Et le résident de citer les stations de Tignes ou d’Avoriaz, où il est possible de se garer sous la neige. En quelques jours, la pétition a recueilli plus de 500 signatures.
Article issu du Dauphiné Libéré