Une série tournée à Chamrousse : « J’utilise l’humour pour sensibiliser sur la crise climatique »

« Là-Haut sur la montagne » est une série courte, six épisodes de deux minutes, drôle et satirique, imaginant un futur, 2080, où la neige a disparu et le tourisme hivernal est bouleversé. Réalisée par Laura Ghazal, dans la station de Chamrousse, et diffusée bientôt sur TV5MONDEplus, cette série invite le public à réfléchir sur l’impact économique du réchauffement climatique en montagne.

Laura Ghazal, comment est né ce projet de la série, ici en Isère ?

« À l’origine, TV5MONDEplus, la plateforme gratuite de la chaîne télé TV5MONDE, m’a demandé de réfléchir sur une idée de série comédie sur l’écologie. Depuis quelques années, je concentre pas mal mon énergie sur des causes qui me tiennent à cœur, l’écologie en fait partie. Or il ne se passe pas un hiver sans qu’on s’interroge : “Y aura-t-il ou pas de la neige ?” Très naturellement, je suis allée sur ce thème, parce que j’aime la montagne. J’ai donc proposé ce projet à TV5MONDEplus et ils ont dit oui. »

« Sensibiliser le grand public sur sa consommation de la montagne »

« Là-Haut sur la montagne », c’est une série courte, effet kiss cool, qui imagine un futur sans neige et un tourisme hivernal bouleversé. Des hivers sans neige, c’est angoissant, non ?

« Ça angoisse surtout ceux qui vivent en montagne et qui en vivent. Ici, il y a un tissu économique et social très fort autour de la neige. Après, on sait que ça va arriver. On en parle beaucoup. La montagne est magnifique. L’été, il y a mille choses à y faire, mais c’est tout un écosystème qui est en danger si la neige disparaît. Mon objectif avec cette série était de dire, dans un avenir suffisamment proche et lointain à la fois, “voilà à quoi pourraient ressembler les sports d’hiver en 2080”. Une date clé pour les scientifiques. Et c’est avec cette tonalité un peu absurde que je cherche à sensibiliser le grand public sur sa consommation de la montagne. »

« L’humour premier degré, ça permet de détendre tout le monde »

Vous avez choisi la satire mordante, et l’humour, pour aborder la question du changement climatique. Est-ce devenu trop anxiogène de dire la vérité aux gens ?

« Déjà, l’humour, c’est mon credo. Je suis une autrice engagée, j’utilise l’humour pour sensibiliser, c’est mon outil de travail. Ce n’est pas que c’est trop dur, mais je pense qu’aujourd’hui, on arrive à un moment où les discours anxiogènes et moralisateurs ont plus de mal à passer. Je tends la main à celles et ceux qui ont du mal à absorber ces discours plus sérieux. Et cet humour premier degré, clairement inspiré des Bronzés, ça permet de détendre tout le monde. »

« Là-haut sur la montagne » est une série très documentée. Avez-vous fait appel à des chercheurs pour l’écrire ?

« Je me suis effectivement appuyée sur des recherches rigoureuses et des données scientifiques. Je ne voulais pas risquer des contresens ou des contre-vérités par rapport à ce que les scientifiques prédisent. Je n’en ai pas sollicité directement. Mais par exemple, la marmotte, espèce au centre du troisième épisode, a été sélectionnée en raison d’une étude qui souligne sa vulnérabilité dans les prochaines années. »

« On a eu un accueil incroyable à Chamrousse »

La série a été tournée l’automne dernier en Isère. Pourquoi avoir choisi Chamrousse ?

« Parce qu’on a eu un accueil incroyable à Chamrousse. Il fallait qu’on trouve une station partenaire pour pouvoir tourner entre deux saisons, et évidemment avant la neige. On a pensé à Chamrousse parce qu’on savait qu’ici avait été réalisée la série Anthracite de Netflix. Cette station savait ce qu’était un tournage. Et puis des amis grenoblois m’ont parlé de Chamrousse, combien elle était ouverte à cette thématique. Il fallait de toute façon trouver une station capable d’avoir du recul sur cette question d’un avenir sans neige. On a contacté l’office de tourisme. Pour tout vous dire, ils ont été hyper-réactifs. Deux heures plus tard, on avait un appel. Ils voulaient comprendre la vision du projet. En savoir plus. Et au final, ils ont adhéré au projet et ils nous ont ouvert leur domaine. Et c’est devenu une belle aventure humaine. »

« On a eu que des éclats de rire »

C’est pour ça que vous avez projeté la série en avant-première à Chamrousse. Un bon test avant la diffusion officielle du 2 avril ?

« En bonne réalisatrice stressée, j’étais au fond de la salle du cinéma, prête à sortir. Et les gens ont ri. C‘était incroyable. Cette avant-première était une façon de remercier la station et d’expliquer aux habitants de Chamrousse ce qu’on était venu faire pendant ces quatre jours d’octobre. Toute l’équipe était terrorisée. Imaginez, dans la salle, il y avait le responsable des remontées mécaniques, la maire, son premier adjoint, son DGS. On n’avait pas encore confronté notre série à un vrai public. Et on a eu que des éclats de rire. Et à la fin, on nous a dit : “Bienvenue à la saison 2 !”.»

Cette série montre qu’avec humour, on peut éveiller des consciences face aux défis climatiques, sans tomber dans le ski-bashing. Sacré défi par les temps qui courent ?

« Je pense que ça leur a fait du bien de voir qu’on pouvait sans se moquer, sans être dans le ski bashing, aborder des sujets graves de manière ludique et mettre sur la table cette problématique climatique. Ils ont vu une petite parisienne débarquer avec son projet de série sur la montagne. Et au final on s’est trouvés. On s’est compris. Je suis hyper-heureuse. »

Là-Haut sur la montagne : les infos pratiques

La série sera disponible et diffusée à partir du mercredi 2 avril par TV5MONDEplus, la plateforme numérique de TV5MONDE, gratuite et accessible partout dans le monde, ciblant en priorité les jeunes adultes de 15 à 35 ans, bien que les thèmes abordés aient une portée universelle. La série sera sous-titrée en six langues (français, espagnol, roumain, anglais, allemand et arabe).

Le synopsis

François, Guenièvre, Vincent et autres touristes débarquent en station pour s’adonner aux joies de la montagne en hiver. Mais on est en 2080 et la neige a totalement disparu. Les six épisodes (ski alpin ; ski de fond ; club cuicui ; raquettes ; bonhomme de neige et télésiège et les deux bonus, le restaurant et le chien de traîneau) avec humour, démontrent l’impact du réchauffement climatique sur la montagne et les sports d’hiver.

Article issu du Dauphiné Libéré

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