Mettre en hibernation un chantier aussi complexe que celui des Grands Montets tout en préparant le domaine skiable à une nouvelle saison d’exploitation… La mission était loin d’être simple pour la Compagnie du Mont-Blanc, maître d’ouvrage de la refonte à 150 millions d’euros menée sur ce versant et exploitant de ce domaine mythique du Mont-Blanc.
Il y a encore quelques semaines, plus d’une centaine d’ouvriers répartis entre Argentière, Lognan et le top des Grands menaient les travaux préparatoires à la construction des trois nouvelles gares et deux remontées que comporte ce projet né au lendemain de l’incendie ayant privé le domaine de son téléphérique vedette.
Désormais, 100 autres pisteurs, dameurs et mécaniciens les ont remplacés pour que les Grands Montets demeurent un haut lieu du ski alpin, le temps d’un hiver de plus.
Le chantier reprendra au printemps
Un chassé-croisé demandant de la réflexion et une logistique très pointue. En dehors de la nécessité de barricader les zones de chantier qui doivent rester inviolées jusqu’à la reprise des travaux au printemps, l’enjeu est surtout de protéger les skieurs des nouveaux obstacles : les grues ou les pylônes des remontées provisoires utilisées pour acheminer les matériaux du chantier et de ses ouvriers. « Nous avons pas mal investi dans de la banderole et des matelas », sourit le directeur du service des pistes Christophe Boloyan, sachant combien il est dur de lutter contre la force de l’habitude.
Chaque jour, depuis l’ouverture samedi 7 décembre, des skieurs tentent en effet de traverser la zone de chantier du plateau de Lognan pour rejoindre ce qui était avant le départ de La Pierre à Ric, la seule piste permettant de rejoindre, skis aux pieds, le bas du domaine. Mais le tracé de celle-ci a dû être complètement changé sur ses premiers hectomètres.
5 canons à neige afin d’assurer l’enneigement d’une déviation permanente
Désormais, un passage un peu étroit mais moins raide que l’ancien premier mur contourne l’emplacement de la future gare intermédiaire et rejoint la suite de la piste. « Pour cette petite modification, il nous a fallu déplacer cinq canons à neige afin d’assurer l’enneigement de cette déviation permanente, puisque la piste empruntera le même passage ou presque à la fin du chantier », ajoute Thibaud Guyon, le chef d’exploitation du domaine.
En bas, à Argentière, les caisses sont cet hiver, et pour la dernière fois, dans des préfabriqués. Les skieurs peuvent dès à présent découvrir les fondations du futur espace d’accueil qui comportera aussi un local pour l’ESF. Ils pourront surtout admirer la gare de départ vitrée et déjà presque terminée de la future petite télécabine qui reliera Argentière à Lognan, l’une des deux nouvelles remontées du projet.
Une gare d’arrivée à 3 235 mètres d’altitude
Les plus sportifs qui ont profité de l’ouverture de la télécabine de Bochard ce samedi 14 décembre ont pu se rendre en ski de randonnée jusqu’au col des Grands Montets et constater l’avancée du chantier sommital, sans pour autant y accéder. Là-haut, des équipes ont travaillé tout l’été au terrassement de la gare d’arrivée du futur téléphérique 3S qui permettra d’atteindre confortablement les 3 235 mètres du haut du domaine. Ce n’est d’ailleurs que très récemment que les engins de chantier les plus fragiles ont été évacués pour ne pas passer l’hiver dans les conditions extrêmes rencontrées à cette altitude.
Une fois par mois, alors que d’autres dévaleront les pistes, des représentants des entreprises impliquées sur la résurrection du site se rendront sur les différentes zones de travaux. « Ils s’assureront que tout va bien », explique le chef d’exploitation qui prend part à toutes les réunions de chantier afin de s’assurer que le chantier, même en sommeil, cohabite au mieux avec les clients du domaine. « De manière générale un chantier a tendance à s’étaler, mais ici c’est impossible, sinon, on nuit à l’exploitation », glisse celui qui a tout fait pour que les mordus des Grands puissent malgré tout profiter de ses pentes comme ils l’entendent.
Article issu du Dauphiné Libéré
