Quand on entre dans l’atelier de Damien Lepetit, ça sent bon le bois. Et presque la neige… Sa production donne en tout cas envie de chausser des skis et de se lancer dans une nouvelle saison de glisse. Il y a un an et demi, ce Lyonnais d’origine mais Grenoblois d’adoption, a installé sa société Amon Davà (qui signifie “en amont”, “en aval” en patois) à Échirolles, où il fabrique une quarantaine de paires de skis alpins et de randonnée par an. Des skis artisanaux, faits à la main donc, mais de construction moderne.
Sept modèles de skis alpins « de la piste slalom au gros freeride » et quatre de skis de randonnée
Passionné de ski depuis l’enfance, Damien Lepetit a d’abord suivi un parcours d’ingénieur. « Dans mon école d’ingé’ en Bourgogne, il y avait un club de fabrication de skis et de snowboards. J’ai trouvé l’idée géniale et j’ai essayé ». Il a retenté l’expérience à domicile, chez ses parents, allant jusqu’à construire une presse avec son frère. « J’ai fait 4 ou 5 paires, et puis je n’ai plus eu le temps, ça s’est essoufflé… ».
Jusqu’à ce qu’il se retrouve au chômage en 2022. « Je me suis dit que j’allais pouvoir améliorer ma fabrication de skis ». Pour cela, il a cherché des conseils auprès d’artisans, « jusqu’à aller à Lausanne pour deux heures seulement », rit-il. Et c’est en Maurienne qu’il a rencontré Romain Maniglier, le créateur d’Amon Davà. « On a bien accroché. Il m’a dit qu’il commençait à penser à revendre sa société, alors on a travaillé ensemble dans l’objectif que je reprenne. Il y a eu une vraie transmission ».
La suite de l’histoire, c’est celle qu’écrit donc Damien Lepetit dans son atelier échirollois où il propose sept modèles de skis alpins « de la piste slalom au gros freeride » et quatre de skis de randonnée, chacun en plusieurs tailles.
Du frêne pour le ski alpin, de l’épicéa pour celui de randonnée
« Le noyau est en bois, en frêne pour le ski alpin parce que c’est un bois très résistant qui ne casse pas quand on le plie fort, et en épicéa pour celui de randonnée, parce que c’est beaucoup plus léger. On a ensuite des fibres qui viennent renforcer tout ça : du lin, du verre et du carbone… Et puis une semelle et des carres en acier ». Voilà pour la recette de “base” qui est, dans les grandes lignes, la même que celle proposée par l’industrie. Sauf que chez Amon Davà, le choix de « produits grande qualité est incontournable, pour une meilleure durabilité », ajoute l’artisan. Le frêne par exemple vient d’Albertville et sèche en Chartreuse.
La spécialité de Damien Lepetit, c’est la marqueterie bois, qui permet de rendre chaque paire unique. « C’est comme un puzzle de fines pièces découpées et assemblées pour en faire un dessin » : sommets, animaux, flocons… « Certains clients demandent des choses très précises, d’autres me donnent un thème et je leur fais une proposition. C’est la partie très sympa du boulot. On rentre un peu dans l’intimité du client qui va parfois nous livrer l’histoire qui va avec le dessin ».
Des clients venant de Saint-Malo, Paris, Marseille ou Grenoble
Une fois ce travail d’orfèvre achevé, tout est enfin poncé, verni… et prêt à partir sur les pistes. Puisque Damien propose aussi d’installer les fixations : il est en contact avec les Français Look pour l’alpin, Plum pour le ski de randonnée et avec l’Isérois Inwild (de Sassenage) pour le télémark.
« J’ai tous types de clients, indique l’artisan, du niveau intermédiaire à l’expert, et venant de Saint-Malo, Paris, Marseille ou Grenoble… ». Côté budget, il faut compter 900 € pour des skis alpins unis (1 000 € pour ceux de randonnée) jusqu’à 1 400 € pour une personnalisation complète (1 500 € pour la rando). Le prix d’une paire fabriquée à la main, avec passion. Et qu’on peut en plus garder longtemps : « Quand on a l’impression que le ski est rayé, ce n’est pas le bois qui est touché mais le verni et la fibre. On peut réparer en ponçant pour remettre à neuf ». Et repartir de plus belle sur les pistes !
Article issu du Dauphiné Libéré
