Il y a 30 ans la combi était n°1 des tenues de ski sur les pistes

« Ca suscite toujours un effet waouh très flatteur pour qui la porte »

Les modes passent, le style reste. Qu’aurait pensé Coco Chanel de la combinaison rembourrée qui connut son heure de gloire, uniforme incontournable et confort pour partir aux sports d’hiver ? À vrai dire, aujourd’hui, l’arbitre des élégances relègue la combi au grenier. Has been ? Chez les hommes peut-être mais voilà que des marques chics la relancent en gamme féminine. « Allez comprendre. La mode est faite de cycles et c’est au fond un éternel recommencement » explique Sophie Lacoste chez Fusalp, qui désormais compte trois modèles dans sa collection, relancés il y a peu. « On en vend moins que des pantalons mais nos combinaisons ont du succès. On a l’impression de porter une armure. C’est hyperconfortable, chaud, seyant et ça suscite toujours un effet waouh très flatteur pour qui la porte ».

Justement ? c’est à la marque annécienne, au temps de son ère industrielle, loin de son positionnement “fashion tech” actuel, que l’on doit la première combinaison de ski de course en 1966. Invention révolutionnaire, pour libérer le mouvement et améliorer la performance. Gagner des centièmes entre les piquets ou tout simplement dévaler les pistes en mode loisir. « C’est aussi l’époque de l’essor des stations et du hors-pistes » se souvient le styliste Jean-Claude Schmeltz, créateur de Schmello Concept. « En compétition les mecs dépassaient les 100 km/h, le Kilomètre lancé pointait son nez, il fallait limiter les turbulences ». Quid du grand public ? « Les fuseaux, ça n’allait plus. Je trouvais les gens un peu moches sur les pistes ».

Doucement, à l’initiative de stylistes de sa veine, la combinaison allait chasser le pantalon des domaines skiables. Dans la foulée de 68 et du courant hippie, jeans et couleurs vives vont déferler sur les versants. Surtout… « Le 21 juillet 1969, l’homme pose le pied sur la Lune. L’exploit va avoir des répercussions assez inattendues sur la mode, notamment sportive. Résultat d’une haute technicité, les fibres mises au point pour les combinaisons des cosmonautes vont être récupérées par les fabricants de vêtements de sport », écrit l’experte en mode du sport Nadine Chaboud dans sa bible ( Fashion Altitude , Glénat).

Le styliste Jean-Claude Schmeltz (Schmello concept) ressort ses créations de l'époque lui qui a signé bien des combinaisons pour Veleda Killy.   Photo Le DL /Antoine Chandellier
Le styliste Jean-Claude Schmeltz (Schmello concept) ressort ses créations de l'époque lui qui a signé bien des combinaisons pour Veleda Killy. Photo Le DL /Antoine Chandellier

Âge d’or

Des matières à la fois isolantes et respirantes favorisent l’esprit tout en un. « Les Japonais développaient les microfibres », dixit Schmello. Lequel a d’abord partagé son existence entre Chamonix et Megève, moniteur de ski et gérant de discothèque. La vie de bohème aux sports d’hiver lui ouvrit bien des portes. Compagnon de l’actrice chabrolienne Stéphane Audran, il côtoie le showbiz et les grands de la confection. Autodidacte de la couture, perfectionniste du virage et du tissu, ses modèles vont trouver preneurs d’abord chez Anoralp. « L’industrie du ski explosait, les gens se mettaient à skier en poudreuse, avec le souci d’éviter de prendre de la neige plein le dos. Il fallait aussi de l’amplitude pour plus de souplesse. On pouvait ainsi nager dans la profonde sans être noyé ».

Des combinaisons “overall”, il va en pondre quelques-unes. Schmello avait déjà créé un ensemble deux pièces en jean chez Hauser Sport, porté par Caroline de Monaco, à l’âge où la princesse était encore au stade du flocon et du jardin des neiges.

L’esthète accouche de quelques modèles iconiques comme cette combi à rayures colorées, façon sucre d’orges, “candy man”, pour l’équipe de ski acrobatique américaine masculine. Et une autre transparente et glamour, se portant sur un collant et un sous-pull.

La Griffe Killy

Aux JO de Sapporo (1972), certains skieurs portent la griffe Schmello. Mais c’est pour un certain Jean-Claude Killy, qui a transformé la marque Veleda, que Schmello exercera surtout ses talents, incontournable au SIG, le salon international de Grenoble, ou son équivalent nord-américain de Las Vegas. Il donne au vêtement plus de silhouette, pour paraître plus élancé, moins Bibendum. « La combi à l’époque avait pris trop d’amplitude ». Les derniers spots, les Grands Montets, à Chamonix, ou les Arcs, furent des laboratoires de nouvelles glisses et de mode. « Esthétique, technique, pratique ». Tel était le triptyque de Schmello. La combinaison traversera les années 80 comme une comète, un grand bond façon Grospiron, un œil à chaque genou et le buste bariolé ou, pour briller dans les étoiles, avec l’uniforme argenté des Jeux d’Albertville en 1992.

Modèle conçu par Jean-Claude Schmeltz.   Photo Le DL /Schmello Concept
Modèle conçu par Jean-Claude Schmeltz. Photo Le DL /Schmello Concept

Mais, le deux pièces est revenu

92, justement l’année où Schmello Concept remporte le marché de l’équipement des plus beaux ambassadeurs de nos pistes, héros en pull rouges et aux spatules légères. À l’entame des années 90, il concevra la combinaison des 17 000 moniteurs des Écoles de Ski Français, emportant un marché disputé par 30 concurrents et dont la fabrication sera confiée, bien sûr, à la société Veleda-Killy. Le styliste avait eu ce coup de génie de rendre le bas de pantalon modulable, grâce à un système de fermetures éclair circulaires. Ben oui, la taille du buste, comme la hauteur de l’entrejambe, varie selon les individus de même taille. Question d’ajustement, de confort et d’élégance.

Et puis à l’aube de l’an 2000 la combinaison a perdu du terrain, avec le retour en grâce du deux pièces. L’air du temps, disions-nous. Schmello y voit aussi une raison plus prosaïque, et, disons-le, décevante : « C’est quand même bien moins pratique quand on veut faire ses besoins. »

Les iconiques combinaisons cosmonautes des Jeux d’Albertville Photo Le DL /Archives Ldl
Les iconiques combinaisons cosmonautes des Jeux d’Albertville Photo Le DL /Archives Ldl

Article issu du Dauphiné Libéré

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