Ski de fond : après une saison record, comment Savoie Nordic prépare l’avenir

Restant sur la deuxième plus belle saison de son histoire (après 2021, année du Covid et de la fermeture des remontées mécaniques), le nordique a le vent en poupe en Savoie : 366 019 journées-skieurs et un chiffre d’affaires de 3,133 M€ l’hiver dernier (+ 21 % par rapport au précédent). Les 15 domaines nordiques du département (760 km de pistes) ont concentré 29 % du chiffre d’affaires national. Et alors que la vente de pass baisse depuis quatre ans au national, elle affichait +10 % en Savoie (2 677).

« La Savoie a trois des plus gros domaines de France »

« Avec des conditions de ski moins mauvaises que les précédentes, on a aussi bénéficié des difficultés d’enneigement de nos voisins (Isère, Haute-Savoie, Jura) et d’un report de clientèle pour faire une bonne saison », relativise Nicolas Rosset, directeur de Savoie Nordic. « Moins impactés que d’autres, nous avions aussi deux domaines en difficulté : ça nous pousse à réfléchir sur notre fonctionnement à venir. La Savoie a trois des plus gros domaines de France, mais aussi d’autres plus confidentiels qui forment les pratiquants de demain. On a besoin de tout le monde. »

C’est tout le sens du plan stratégique 2025-2028 élaboré au niveau départemental pour la pérennité des domaines, la pratique des jeunes et l’attraction des clientèles face au dérèglement climatique. En matière de promotion, Savoie Nordic affiche sa volonté d’être « honnête et attractif ». « Il faut s’adapter au contexte et être au plus réel de l’information du public », insiste son directeur.

« Accompagner les domaines dans leur flexibilité »

Chaque domaine skiable aura une « durée de vie » différente. « On va encore avoir des alternances de période avec ou sans neige. Notre rôle est d’accompagner les domaines dans leur flexibilité, pour faire en sorte que les clients qui ont l’habitude de venir pour la neige continuent à venir. C’est une réflexion de territoire au global pour la pérennité et l’évolution des domaines », souligne Nicolas Rosset. « La Savoie est privilégiée, avec un peu plus de temps pour s’adapter, pour trouver des pistes en fonction des spécificités de chacun. On sait exploiter le plus longtemps possible quand il y a de la neige, mais ce ne doit pas être le désert sans elle. » En s’inspirant de ce qui se fait ailleurs, il s’agit d’arriver à garder l’accueil et l’activité, et ce même sur toute l’année.

« On surfe sur la dynamique du biathlon »

Si dans l’esprit du grand public, le ski nordique est très sportif, l’avenir passe par la diversification des pratiques, et aussi d’autres clientèles à aller chercher. « Les activités de pleine nature plaisent beaucoup », insiste Arnaud Equy, directeur de Savoie Grand Revard. Raquettes à neige, chiens de traîneau, fat bike, luge et surtout biathlon ont leur public. « On surfe sur la dynamique du biathlon, encadrée par des professionnels, en hiver, avec une initiation au ski de fond préalable, mais en été aussi, avec le ski-roues. La moitié des gens qui le testent sont sans a priori », ajoute Nicolas Rosset. « C’est un bon levier pour continuer à développer, à booster les ailes de saison et même l’été ». Un bon moyen pour prouver aussi que la pratique n’est pas que sportive, elle peut aussi être de loisir ou ludique. « Proposer des bons moments dans des domaines imprégnés de leur territoire ».

Si l’avenir passe par développer des projets innovants et durables pour garantir l’attractivité, le ski de fond reste « le poumon économique de la filière ». « Piétons et raquettes bénéficient des mêmes services. Il y a peut-être, avec pédagogie et bienveillance, des mentalités à faire évoluer en s’inspirant d’autres massifs. Derrière tout ça, il y a des moyens humains et matériels à maintenir », conclut le directeur de Savoie Nordic. Les derniers hivers l’ont mis en exergue, le potentiel du nordique en général n’a pas fini d’être exploité.