Cela peut être difficile à croire aujourd’hui tant les étapes de montagne font partie de l’ADN du Tour de France mais lors des premières éditions de la Grande Boucle, les massifs du pays n’étaient pas empruntés par la course. Pour des raisons d’organisation mais aussi par les coureurs de l’époque considéraient que c’était une folie de grimper des cols.
L’apparition de la montagne sur la route du Tour de France a donc été progressive. Étape par étape, au gré des expérimentations menées par les organisateurs, les cols ont été ajoutés au parcours. De quoi effrayer les coureurs du début du XXe siècle mais un succès populaire immédiat. De 1903 à aujourd’hui, retour l’histoire des points culminants de la Grande Boucle.
Le col du Pin-Bouchain (759 m)
Le première Tour de France a lieu en 1903. Seulement six étapes de Montgeron, dans l’Essonne, jusqu’à Paris en passant par Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nantes. La montagne n’est absolument pas au programme mais un premier col est grimpé dès la première étape le mercredi 1er juillet 1903. 467 kilomètres entre Montgeron et Lyon. Après 400 kilomètres de course, les coureurs ont grimpé le col du Pin-Bouchain, entre les départements de la Loire et du Rhône. Pas vraiment une difficulté, il est le premier point culminant de l’histoire du Tour de France à 759 mètres d’altitude. À Lyon, Maurice Garin remporte l’étape après 17 heures 45 minutes et 13 secondes de course ! ! !
Le col de la République (1161 m)
Après une première journée aussi longue, impossible de repartir dès le lendemain. La deuxième étape entre Lyon et Marseille (374 km) s’est déroulée le dimanche 5 juillet 1903. Le tracé de la course emmène les coureurs dans l’est du Massif central. Dans la Loire, le peloton gravit le col de la République. Avec un sommet à 1161 mètres d’altitude, il est le point culminant de ce premier Tour de France. Titre qu’il conserve en 1904 puisque le tracé du Tour de France ne change pas.
Dans l’histoire du Tour de France, le col de la République a été escaladé 13 fois. La dernière en 1997 lors d’une étape Saint-Étienne – L’Alpe-d’Huez. Classé en troisième catégorie, Richard Virenque, maillot à pois sur les épaules, était passé en tête.
Le col du Ballon d’Alsace (1178 m)
Pour le Tour de France 1905, les organisateurs décident de durcir la course et de vraiment intégrer la montagne au parcours. Une longue traversée du massif des Vosges pour commencer. Le 11 juillet 1905, la deuxième étape part de Nancy pour rejoindre Besançon. 299 kilomètres et un premier col célèbre qui va détrôner le col de la République : à 1178 mètres d’altitude est franchi le sommet du col du Ballon d’Alsace.
Une ascension tout de suite incontournable dans l’histoire du Tour de France. La Grande Boucle y est passée à chaque édition jusqu’au début de la Première guerre mondiale. Et après les ascensions ont toujours été fréquentes. 27 en tout et la dernière en 2023.
Le col Bayard (1245 m)
Ce n’est pas une étape de montagne comme on les connaît aujourd’hui mais le Tour de France 1905 effectue une première incursion dans les Alpes. Le 16 juillet 1905, la quatrième étape relie Grenoble à Toulon (348 km). Quelques kilomètres avant Gap, dans les Hautes-Alpes, les coureurs grimpent le col Bayard. Avec un sommet à 1250 mètres d’altitude, il est le point culminant de cette troisième édition de la Grande Boucle.
Comme le Ballon d’Alsace, avec un tracé changeant peu, le col Bayard est présent sur le Tour de France jusqu’en 1914. Et comme le col des Vosges, la course y est passée à 27 reprises. La dernière fois en 2024, lors de l’étape entre Saint-Paul-Trois-Châteaux et Super-Dévoluy.
Le col de Porte (1324 m)
Le Tour de France continue de prendre de la hauteur deux ans plus tard. Le 16 juillet 1907, lors de la cinquième étape entre Lyon et Grenoble (311 km), le peloton, avant d’arriver dans la capitale des Alpes, a escaladé le col de Porte dans le massif de la Chartreuse. Son sommet situé à 1324 mètres d’altitude lui permet de devenir le nouveau toit du Tour historique.
En tout, le col de Porte a été franchi à 19 reprises par la Grande Boucle. Le dernier coureur à y être passé en tête est Pierre Rolland en 2020.
Le col de Peyresourde (1568 m)
Le Tour de France 1910 est peut être le tournant le plus important de la course. Le peloton va s’aventurer pour la première fois dans le massif des Pyrénées et la haute montagne. Une découverte brutale lors de la dixième étape le 21 juillet 1910 entre Luchon et Bayonne. 326 kilomètres avec quatre cols mythiques au programme. Le premier de la journée, c’est le col de Peyresourde. Avec un sommet à 1568 mètres d’altitude, il permet au Tour de passer pour la première fois le seuil des 1500 mètres.
Un incontournable puisqu’il est aujourd’hui, avec 70 passages, le quatrième col le plus grimpé par la Grande Boucle. La 71e ascension aura lieu en 2025 lors de l’étape Pau – Luchon-Superbagnères ce samedi 19 juillet.
Le col du Tourmalet (2115 m)
Ce 21 juillet 1910, après le col de Peyresourde mais aussi l’Aspin, les coureurs se sont mesurés pour la première fois à la montée la plus mythiques du massif des Pyrénées : le col du Tourmalet. Une découverte infernale à 2115 mètres d’altitude.
Immédiatement entré dans la légende du Tour de France, le col du Tourmalet, avec 85 ascensions, est de très loin le col le plus fréquent sur le parcours de la Grande Boucle. Ce sera encore le cas en 2025. Comme son voisin de Peyresourde, il figure au programme de l’étape Pau – Luchon-Superbagnères.
Le col du Galibier (2642 m)
Après les Pyrénées, le Tour de France va prendre beaucoup de hauteur dans les Alpes en 1911. Le 10 juillet 1911, lors de la cinquième étape entre Chamonix et Grenoble (366 km), le col du Galibier est grimpé pour la première fois. Le point culminant de la Grande Boucle se trouve désormais à 2642 mètres d’altitude.
Point de passage entre les départements des Hautes-Alpes et de la Savoie, le Galibier est le col le plus grimpé dans les Alpes. 64 fois entre 1911 et 2024. Il est absent du parcours en 2025.
Le col de l’Iseran (2770 m)
Après deux éditions (1910 et 1911) révolutionnaires, il a fallu patienter 27 ans et la construction d’une nouvelle route pour trouver un nouveau toit au Tour de France. En Savoie, reliant la Maurienne et la Tarentaise, le col de l’Iseran est inauguré en 1937. Il faut son apparition sur la Grande Boucle dès l’année suivante. Il est gravi pour la première fois le samedi 23 juillet 1938 lors de la 15e étape entre Briançon et Aix-les-Bains, longue de 311 kilomètres. Avec un sommet culminant à 2770 mètres d’altitude, il est encore aujourd’hui le col routier le plus haut d’Europe.
Contrairement au Tourmalet et au Galibier, l’Iseran se fait beaucoup plus rare sur la route du Tour de France. Seulement 8 passages, le dernier en 2019.
La Cime de la Bonette (2802 m)
La route la plus haute où le Tour de France est passé. La première fois c’était le 11 juillet 1962 lors de l’étape Antibes – Briançon (241,5 km). La Cime de la Bonette n’est pas un véritable. Il y a le col de la Bonette dont le sommet se situe à 2715 mètres. À partir de là, une route permet de faire le tour de la Cime de la Bonette et d’atteindre les 2802 mètres d’altitude. Une hauteur qui en fait la route la plus haute d’Europe.
Comme l’Iseran, la Cime de la Bonette n’est pas trop fréquentée par la Grande Boucle. Seulement 5 passages depuis 1962, le dernier en 2024.
Le Tour de France 2025 ne dépassera pas les 2304 mètres d’altitude au sommet du col de la Loze. Très loin des 2800 mètres de la Cime de la Bonette. En France, ce record semble impossible à battre à moins de construire de nouvelles routes.